
Dans la série d’articles « Artistes à suivre », nous vous proposons de découvrir le travail de créateurices, en nous intéressant à tout type d’art. Pour ce huitième opus, nous avons choisi de vous présenter 5 artistes plasticien·nes aux univers très variés.
FUR Aphrodite aime les vulves, dedans et dehors. De ses moulages en plâtre « vulves-vandales » essaimés dans les rues de Paris à ses modelages en pâte d’amande si roses qu’on en mangerait, en passant par un livre de sorcellerie amoureuse entièrement parcheminé au sang de ses propres règles et disposé sur un autel, cette artiste française discrète mais exhibitionniste s’inscrit dans la droite lignée de l’art féministe des années 1970. Digne héritière d’ORLAN et de Cindy Sherman, elle s’efface derrière un alias, disparaît dans ses autoportraits pour mieux parler des femmes, de toutes les femmes &ndash avec ou sans vulve. Son art intime et féministe s’inspire tant de l’iconographie religieuse classique que de la pop/porn-culture contemporaine. Le grand écart radical qu’elle crée suffit à lui seul à définir le mot « plastique ». Elle a, en somme, bien compris qu’il fallait répondre à l’appétit vorace de l’œil par une voracité tactile : FUR Aphrodite, impitoyable, confisque dans ses œuvres tous vos sens.
24Hotel Série L.
2016 © Fur Aphrodite
AUTEL
Installation : Livre de sorcellerie amoureuse / Fragment d’un discours amoureux / Voiles de la Mariée , Atelier FLUIDE, dans le cadre du Festival de Film de Fesses, 2017.
© Fur Aphrodite
Laura McKellar, artiste australienne, crée avec des techniques et supports varié·es comme la photographie, le collage, la broderie ou encore la couture. Elle travaille entre la création numérique et manuelle, puisque les images sont d’abord construites sur ordinateur, avant d’être imprimées sur des textiles et enfin brodées. Son travail artisanal et artistique est fin et complexe. Ses œuvres sont extrêmement détaillées, et nous transportent loin dans son imaginaire.
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Mermaids – Laura McKellar
Extrait de la série de broderies et collages Once Upon – Laura McKellar
J’ai découvert Azelle en tant que fondatrice du fanzine et collectif X, lequel s’apprête d’ailleurs à lancer très prochainement une exposition entièrement consacrée aux femmes artistes. Azelle est elle-même une artiste de talent explorant une variété de médiums et de supports dans lesquels, toujours, la question de la féminité reste en suspens. Qu’elle reproduise minutieusement des dessins anatomiques sur de véritables hosties consacrées, à porter en bijou (et croyez-moi sur parole, arborer un utérus ou un sein disséqué à la pointe fine sur un symbole religieux aussi fort a une portée eucharistique qui vous fera retenir votre souffle) ; ou qu’elle détour(n)e des figures clés de la peinture religieuse italienne classique au profit de réinterprétations licencieuses, Azelle provoque, Azelle transgresse, Azelle… est à savourer sans plus attendre.
Bijoux sur hosties, 2017
La jeune fille et la mort, 2017
Zéna Assi est une artiste libanaise qui explore les liens entre l’individu et la cité. Son travail s’inspire énormément de la ville de Beyrouth et de ses citoyen·nes, des troubles et conflits que les deux peuvent connaître. Elle s'intéresse à la ville et les individu·es sous de multiples angles et états, autant sur des œuvres qui représentent la ville d’un point de vue extérieur, que de portraits d’habitant·es ou de créations plus abstraites reprenant l’esprit de Beyrouth. L’atmosphère est souvent oppressante, angoissante, un tumulte d’émotions qui s’entrecroisent. Depuis quelques années, elle s’intéresse aussi aux mouvements des populations et à la modification des frontières de l’espace urbain due aux migrations.
Site Internet – Facebook – Vidéo Paintings in motion
My City nested over Raouché – Zéna Assi, 2015, techniques mixtes et collage sur toile, 100 x 200 cm.
My city in my hair – Zéna Assi.
Chorégraphe de formation, Paola Daniele a pris le rire de la Méduse pour argent comptant et s’est tournée progressivement, mais résolument, vers l’art de la performance. Ses danses hypnotiques, extrêmement exigeantes physiquement parlant, font intervenir sang menstruel et fruits trop mûrs ; lunes, poupées, et voiles. Véritable sorcière au corps marmoréen, à l’instar d’une Mary Wigman (Hexentanz) ou d’une Marina Abramović, elle exprime (« rend le jus de ») son corps et exprime avec son corps une dramatisation extrême dont le péril et la pureté, sur le fil du rasoir, vous tireront des larmes. Echappée du jardin d’Eden, Paola a apprivoisé le serpent (littéralement), tiré enseignement du rituel de la mandragore de Médée, et cherche aujourd’hui à re(dé)sacraliser les gestes rituels. Insoutenable – formidable.
Medea, 2017.
Medusa, 2017.
Nous espérons que cette sélection vous a plu, n’hésitez pas à nous parler des artistes que vous appréciez dans les commentaires !