
Je porte des binders quotidiennement depuis environ 5 ans, et j’ai pu glaner au fil des années, un certain nombre d’informations et d’astuces sur ce vêtement. J’ai moi-même écrit plusieurs articles à ce sujet sur ma plateforme personnelle, mais je n’ai jamais réellement pris le temps de tout rassembler en un seul billet. Je répare donc aujourd’hui cet oubli.
Un binder est un sous-vêtement compressif pour aplatir la zone haute du torse, principalement utilisé par les personnes trans-masculines, les personnes non-binaires, et certaines crossplayeuses.
Le binder consiste généralement en une sorte de débardeur assez élastique et aux bretelles larges, doublé à l’intérieur par une pièce de tissu plus rigide qui permet cet effet d’aplanissement.
Avant d’investir dans un vrai binder prévu pour un usage quotidien, je suis passé par plusieurs techniques de compression. Que ce soit la ceinture thoracique médicale, les bandes de duct tape (ruban adhésif de chantier), le « fait maison » par une amie couturière, ou encore le binder en provenance d’obscurs sites chinois ; aucun ne me convenait, et fort heureusement, puisque ces méthodes peuvent s’avérer dangereuses si elles sont employées sur la durée. Ces fausses alternatives DIY sont dangereuses pour le corps puisqu'elles ne suivent pas les mouvements de celui-ci, et sont souvent trop serrées.
En effet, toutes les méthodes énoncées sont inadaptées à un usage régulier, et peuvent créer au mieux des malaises à cause de la sensation d’étouffement, au pire des lésions dans les tissus du sein, ainsi que sur la peau.
Même s’il est effectivement tentant de passer par ces méthodes lorsque l’on n’a pas vraiment de budget à y consacrer, les dégâts causés peuvent suivant le cas être irréparables, et poser de vrais problèmes par la suite, surtout dans le cas où la personne utilisant ces techniques souhaiterait effectuer une mammectomie (ablation/reconstruction de la zone haute du torse) par la suite.
Il est assez difficile de deviner d’avance sa taille en binder, puisque celle-ci peut varier d’une marque à l’autre, mais il y a généralement une section dédiée à la question sur les sites de revendeurs. Si tel n’est pas le cas, c’est déjà assez mauvais signe quant au sérieux de la marque.
Gardez également en tête deux éléments :
Enfin, n’hésitez pas à fouiller sur les forums dédiés aux personnes transgenres et en questionnement, certaines personnes pourront vous aiguiller sur la prise de vos mesures, voire vous proposer d’essayer un des leurs. Bien souvent, après une mammectomie, les personnes donnent ou revendent leurs anciens binders, il suffit juste d’avoir un peu de chance.
Après avoir sélectionné le modèle qui vous a tapé dans l’œil, avoir récupéré votre précieux colis après plusieurs longues journées d’attente, ca y est, vous l’avez devant vous : votre précieux binder ! Ne reste que la première épreuve, et non des moindres : l’enfilage du binder neuf.
Malgré mes recherches, je n’ai trouvé aucune solution miracle à ce sujet, et certains sites ressources proposent de l’enfiler en passant par les jambes. Je suis pour ma part bien trop gros pour tenter cette méthode, du coup, je vais essayer de vous donner mes quelques conseils en la matière. Nous partons ici sur un modèle en un seul morceau, à enfiler comme un T-shirt.
En premier lieu, il faut vous armer de patience, enfiler un binder tout neuf n’est pas une partie de plaisir : celui-ci ne s’est pas encore fait à votre corps, et les fibres n’ont pas encore été « apprivoisées ».
Passez d’abord vos bras dans les trous prévus à cet effet, tout en essayant de détendre un peu le tissu en tirant avec vos bras tendus. Enfilez-le au plus proche possible des épaules, pour n’y passer la tête qu’au dernier moment.
Passez finalement la tête en levant les bras vers le haut, et c’est là le moment clé où il faut impérativement garder son calme, parce que vous risquez de rester coincé quelques instants. Il s’agit alors de faire des mouvements latéraux avec les bras, afin d’abaisser le binder probablement tout replié sur lui-même, vers la zone du sternum. Pensez à respirer profondément.
Une fois que les épaules sont passées, il convient de faire rentrer chaque pectoral à l’intérieur du tissu, pour abaisser le bas du binder progressivement vers l’abdomen.
Félicitations ! Vous avez survécu. Vous pouvez maintenant ajuster le placement du binder et de ce qu’il contient. Pour ce qui est de la disposition de votre intimité, libre à vous de faire plusieurs essais de placements, puisque chaque corps est différent, et le rendu esthétique ne sera pas le même pour tout le monde. Cependant, il est à noter qu’il faut éviter de placer trop bas ou trop sur les côtés la zone de poitrine, afin d’éviter d’en abîmer l’élasticité naturelle.
Il est recommandé de ne pas laver les binders à la machine à laver, car selon la violence de la fonction essorage de votre machine, il se pourrait que le binder n’y survive pas. J’ai pour ma part un lave-linge assez ancien, et il m’est arrivé d’y mettre mes binders en 650 tours/minute, afin de les laver en profondeur, cela ne les arrange pas trop, mais je le fais de façon exceptionnelle. Le plus gros risque est qu’ils se détendent complètement, ou que les coutures lâchent, et dans tous les cas, leur pouvoir compressif devient quasiment nul.
Si vraiment vous souhaitez les passer en machine, mettez-les dans un filet, ou si vous n’en possédez pas, dans une taie d’oreiller, pour les protéger au maximum des éventuels accrochages avec le reste du linge.
Mais le mieux est encore de le laver à la main, et de le faire sécher à l’air sur un cintre ou étendu sur un tancarville. Le choix de la lessive reste à votre convenance, et l’ajout d’un éventuel assouplissant en dernier rinçage est très optionnel.
Il est plutôt conseillé d’en posséder plusieurs, afin de pouvoir faire un roulement et pouvoir les laver convenablement de façon régulière. Trois est un must, mais ça commence à être un budget conséquent. J’en possède 4 encore utilisables, chacun à des stades plus ou moins détendus, mais je suis un porteur de binder au quotidien depuis bientôt 5 ans, donc j’ai eu plus de temps pour instaurer une routine de port et nettoyage. Je les lave chacun au bout d’un maximum de 5 journées de port en été, et une grosse semaine en hiver, en essayant de les alterner avant de les laver, pour les économiser au maximum.
Porter un binder est épuisant pour le corps, c’est pourquoi, il faut bien prendre soin de celui-ci. Effectuer quelques étirements avant d’enfiler un binder est conseillé, et refaire des étirements après l’avoir enlevé est également plutôt recommandé.
Il est d’ailleurs assez idéal de pouvoir passer un ou deux jours complets par semaine, sans en porter du tout, afin de laisser le corps « récupérer » de ses journées de compression.
Si cela vous est possible, essayez de masser vos épaules, par vous-même ou par une personne de confiance, ou au minimum de prendre des douches chaudes pour détendre les muscles après une journée bien remplie. Également, appliquer de la crème hydratante peut s’avérer salvateur, notamment sur les zones marquées par les coutures du binder, lorsque vous enlevez celui-ci. Globalement, il convient d’être aussi délicat avec le vêtement qu’avec soi-même, dans la mesure du possible et du faisable en individuel, évidemment.
Dans cette avant dernière partie, je vous propose une petite compilation d’astuces que j’ai glanées au fil du temps, au travers de mes lectures ailleurs et autres crash-test personnels.
Le marché du binder s’est relativement diversifié ces dernières années, et il est facile de se perdre dans les différentes possibilités existantes à ce jour.
J’ai pour ma part testé quatre marques jusqu’ici, dont une qui n’existe plus, mais je ne peux que vous les recommander, elles sont très connues et reconnues par la communauté, et vous trouverez moult guides pour vous aider à déterminer quelle est votre taille. Il s’agit de Underworks, GC2B et Shapeshifters.
Je n’aime pas le premier, à cause de sa boutique en ligne très cisgenrée, le second est le plus facile à acquérir, tandis que le troisième n’est pas à la portée de tous les budgets, mais a la particularité d’être entièrement sur mesure, de la taille jusqu’au tissu.
Le risque avec les marques sur-mesure (il en existe plusieurs) c’est que si vous êtes sujet aux fluctuations de poids, votre binder ne suivra pas ces variations, et il est très désagréable de porter un binder trop grand, voire carrément dangereux d’en porter un trop petit.
Comme je n’ai pas toujours trouvé de ressources suffisantes, claires et explicites en français sur les binders, je me permettais aujourd’hui d’apporter ma pierre à l’édifice. Parce que même si pour certains, la période de port de binder n’est que transitoire, pour d’autres, elle demeure une réalité de leur quotidien sur le long terme. Et même au-delà de plusieurs années, il n’est jamais une mauvaise chose que d’en rappeler les bases, même les plus élémentaires.
Prenez soin de vous, et buvez de l’eau !