
N’en déplaise à notre cher président, il ne suffit pas de traverser la rue pour trouver un emploi et gagner de l’argent. Beaucoup d’entre nous doivent se débrouiller avec un budget serré et les fins de mois font grincer des dents. Dans un contexte où ne pas finir à découvert dès le 20 est déjà une victoire, mettre de l’argent de côté paraît utopiste. Nous vous proposons dans cet article une série de conseils pour tenter d’établir, malgré tout, une épargne.
Les applications, sites et contenus de cet article ne sont pas sponsorisé·es. La rédaction de Simonæ vous les conseille d’après sa propre expérience.
La première étape est de faire face à son argent, et surtout, à ses dépenses. Pour cela, rien de plus simple : prenez une feuille (ou un tableur) et faites deux colonnes. Listez d’un côté toutes vos rentrées d’argent, et de l’autre les sorties sur le mois qui vient de s’écouler. Utilisez des catégories générales (alimentation, loyer, charges, santé, sorties, etc.) et estimez les montants si vous ne les avez pas de manière exacte. Faire cet exercice permet de voir concrètement où va l’argent que l’on gagne.
Nous vous conseillons des tableurs déjà faits, où il n’y a qu’à rentrer les montants de vos dépenses et rentrées d’argent. Google Sheets propose plusieurs modèles gratuits et efficaces. Si vous préférez un logiciel dédié, YNAB (You Need A Budget) propose également une version gratuite très satisfaisante. Il est disponible sur PC, Mac et en application mobile.
Une fois le bilan fait, une autre question s’impose : pourquoi veut-on économiser ? Généralement, économiser « dans le vide » n’incite pas à être régulier·e. En revanche, avoir un objectif permet de se motiver. Tous vos buts sont légitimes ! Ce n’est pas parce que quelqu’un·e vous a dit de commencer un plan épargne retraite ou logement que vous devez absolument le faire. Envie d’un bon restaurant, d’une paire de chaussures ou de faire un cadeau à un proche ? C’est légitime. Une fois que vous savez pourquoi vous voulez économiser, fixez vous une échéance. Le fait d’avoir une date précise rend vos envies plus concrètes et réalistes. Si votre objectif est lointain, ou nécessite une grosse accumulation d’argent, fixez des étapes intermédiaires pour ne pas perdre l’envie de continuer !
Une fois le bilan fait, l’objectif fixé, n’hésitez pas à aller faire le bilan avec votre banque. Beaucoup d’entre nous ont choisi leur banque par défaut, souvent la même que nos parents. Vous êtes parfaitement en droit d’aller demander des comptes (pun intended) à votre banquier·e. Faites-vous expliquer le fonctionnement d’un compte épargne (il y en a de plusieurs types), mais aussi de votre carte bleue ou encore de votre compte courant. Vous pouvez changer de formule ou renégocier celle que vous avez déjà. Par exemple, vous pouvez choisir une carte bleue moins onéreuse si vous n’avez pas prévu de partir à l’étranger. Enfin, penchez-vous sur des systèmes d’épargne adaptés à votre situation. Si vous avez peur d’être à sec en milieu de mois, un compte épargne bloqué type PEL (plan épargne logement) n’est peut-être pas la bonne solution. Si vous avez moins de 25 ans, demandez un compte ou livret jeune : ils présentent des taux d’intérêts plus importants qu’un compte « classique ».
En établissant un tableau de vos dépenses et rentrées d’argent, vous allez faire quelques constats. Le premier est que, bien souvent, on dépense de l’argent sans même s’en rendre compte. C’est la magie pernicieuse des abonnements automatiques. Faites un brin de tri : cet abonnement à la salle de sport que vous n’utilisez plus, ce service de la banque pas utilisé depuis des mois, cette facturation pour un service de SVOD dont la dernière série vous a déçu·e… Prenez le temps de vous désabonner de ces services. C’est rapide et votre porte-monnaie vous en remerciera. Dans le même esprit, nous vous conseillons de vous désabonner des newsletters commerciales. Moins on voit de publicités, moins on est tenté·e par l’achat.
Toujours en partant de ce fameux tableau de vos mouvements d’argent mensuels, vous allez pouvoir établir votre budget idéal. D’après ce que vous dépensez déjà, fixez-vous des objectifs de dépense par poste. Par exemple, si vous voulez réduire vos dépenses en matière de déjeuners à l’extérieur, fixez-vous une limite de X euros par mois. En contrepartie, vous pouvez augmenter un peu votre budget courses pour acheter des choses qui vous font plaisir, et donc être moins tenté·e d’aller grignoter dehors. Pour les courses alimentaires, faites une liste ! Notez ce dont vous avez besoin, et n’allez que dans ces rayons-là du supermarché. Cela vous fera gagner du temps, et vous évitera une fois de plus d’être tenté·e.
Si cela est possible pour vous, nous vous conseillons de regarder du côté du zéro déchet pour vos dépenses de la vie quotidienne. Acheter un pain de savon pour se laver, du vinaigre blanc pour nettoyer, faire ses cosmétiques soi-même, tout cela revient à terme moins cher qu’un produit du commerce.
Différez vos achats pour tout ce qui n’est pas impératif. Laissez-vous le temps de la réflexion et demandez-vous si vous en avez vraiment besoin. Ou encore, notez quelque part tout ce qui vous fait envie, et revenez de temps en temps sur la liste. Différer permet de limiter les achats impulsifs. Au bout d’un certain laps de temps, si vous vous souvenez de l’objet en question et que vous avez toujours les finances et l’envie de l’acheter, foncez ! Si ce n’est pas le cas, laissez tomber.
Même si vous avez un budget très serré, et peu de moyens, gardez-vous des moyens de vous faire plaisir. Ce n’est pas possible d’avoir une vie monacale, sans aucun loisirs ou petit craquage de temps à autre. N’avoir que de l’argent prévu pour les choses triviales peut même conduire à de la frustration, et donc à un plus gros craquage susceptible de faire capoter votre planification (et vous mettre à découvert). C’est pour cela qu’il est mieux, autant que faire se peut, de se ménager un budget de loisirs, même minime. Pensez aussi à avoir un budget pour les imprévus, qui arrivent fatalement chaque mois.
Payer par carte bleue, c’est rapide et pratique. Seulement, on le fait sans réfléchir, et aussi facilement pour 1 € que pour 500 €. Le sans-contact est encore pire : même pas besoin de taper son code. En revanche, payer en liquide ou par chèque, ça demande de réellement prendre conscience de la somme qu’on dépense. Ça prend aussi plus de temps : on a moins tendance à dépenser sans réfléchir. Paypal et ses équivalents tendent à être tout aussi fourbes. Pas besoin de sortir sa carte, on paye sans réfléchir. Nous vous conseillons de ne pas enregistrer votre carte sur votre navigateur. En plus de l’argument sécurité, ça vous obligera à la sortir. Vous pouvez même la ranger volontairement loin de vous pour vous obliger à vous lever à chaque paiement que vous souhaitez faire. Vous n’imaginez pas le nombre de petits achats compulsifs qu’on peut éviter juste par flemme d’aller chercher sa carte dans son sac !
Pour éviter les problèmes que nous venons de mentionner, plusieurs solutions existent. L’une d’entre elles est la méthode dite « des enveloppes ».
En début de mois, on retire tout ce qui ne va pas dans l’épargne ou les dépenses récurrentes, comme le loyer, les assurances, les abonnements, etc. L’argent qui reste est retiré en liquide et réparti dans plusieurs enveloppes. Une semaine du mois correspond à une série d’enveloppes. Chaque série est elle-même divisée selon les postes de dépense : alimentation, loisirs, etc. Ainsi, vous visualisez en direct la répartition de vos dépenses, et si vous dépassez votre budget dans un poste, vous êtes forcé·e de puiser dans un autre, au lieu de fermer les yeux et de compter sur votre découvert.
Pour les plus frileuxes avec leur liquide, une solution similaire, sans retrait, existe. Elle consiste à bien planifier toutes les dépenses du mois, en laissant une marge en cas d’imprévu. La différence entre les dépenses et les entrées est automatiquement transférée sur un compte épargne, par virement automatique. Faites bien attention à vous laisser une marge pour ne pas finir accidentellement à découvert, mais au fil du temps, vous saurez exactement combien vous pouvez mettre de côté.
Les aléas de la vie font très vite arriver une dette ou un découvert. Si vous êtes à découvert, faites un gros retrait de X euros directement pour finir le mois plutôt que de faire plusieurs petits paiements par carte. Les frais d'opération (ou agios) quand on est à découvert, c'est à chaque opération. Attention, ça s’accumule vite !
Pour les dettes, c’est un autre point très compliqué, qui mériterait un article à lui seul. Une méthode communément admise pour rembourser plusieurs dettes, c’est de commencer par la plus petite. Imaginons que vous ayez trois dettes : A, d’un montant de 100 000 € ; B, d’un montant de 75 000 € ; et C, d’un montant de 25 000 €. Réglez les virements automatiques au minimum pour A et B et focalisez tous vos efforts sur C. La différence entre les entrées et les sorties d’argent ira chaque mois rembourser la dette C. Vous payerez donc plus que les mensualités prévues et cette dette sera remboursée relativement rapidement. Une fois la dette C remboursée, vous serez habitué·e à mettre une somme précise de côté tous les mois. Cette somme sera réinvestie dans la dette B, pour la rembourser plus vite. On répète la même opération avec A une fois B remboursée. Cela crée un effet boule de neige, qui permet d’avoir des résultats plus vite que quand on paye chaque dette de manière uniforme. Bien sûr, cela fonctionne si vous avez la possibilité d’avoir une différence positive entre vos entrées et sorties d’argent.
Si ce n’est pas le cas, et que vous ne vous en sortez pas avec vos dettes ou votre argent en général, n’hésitez pas à aller voir un·e assistant·e social·e. Iels sont formé·es pour vous aider et trouver des solutions adaptées à votre situation.
Cette liste n’est pas exhaustive et tout n’est pas applicable à toutes les situations, mais nous espérons que ces conseils vous seront utiles. Si vous utilisez l’une de ces méthodes et que cela ne fonctionne pas du premier coup, pas de panique ! Il faut souvent plusieurs mois d’adaptation et de tâtonnement pour trouver la bonne formule. De même, ne culpabilisez pas si vous dépensez plus que prévu. La vie est faite d’imprévus, et rien de vous oblige à suivre une routine. N’hésitez pas à nous faire vos retours en commentaire, voire à proposer vos propres astuces pour ne pas systématiquement claquer son salaire au dieu du consumérisme.