26 septembre 2016

Guide pratique pour la contraception d’urgence

Guide pratique pour la contraception d’urgence

Le pépin est arrivé : la capote a craqué ou vous vous êtes rendu·e compte que vous avez oublié une ou des pilules à un moment où il ne le fallait pas… Bref vous avez eu un rapport non protégé ou mal protégé, et vous voulez à tout prix éviter de tomber enceint·e.

Tout n’est pas perdu : la contraception d’urgence existe. On devrait même dire LES contraceptions d’urgence existent. Comment faire pour se les procurer ? Quels sont les délais ? Combien ça coûte ? Comment ça fonctionne ?

On vous explique tout dans ce guide pratique.

Les différentes méthodes

C’est la bonne nouvelle de ce guide : vous avez le choix. Il existe en fait 3 moyens de contraception d’urgence distincts, dont 2 (!) pilules. Nous vous les présentons toutes ici, de la plus connue à la plus méconnue.

La pilule d'urgence Norlevo (mal surnommée « pilule du lendemain »)

Comment ça fonctionne ?
La pilule d’urgence Norlevo (ou Levonorgestrel en version générique) n’a rien à voir avec l’IVG ; elle n’est pas abortive. Son but est d’empêcher l’ovulation et donc la fécondation de l’ovule qui entraînerait une grossesse. Elle se prend dans les 72 h après le rapport en cas d’oubli ou de faille de contraception.

Contrairement à ce que son surnom de « pilule du lendemain » laisse penser, il n’y a pas besoin d’attendre le lendemain du rapport pour la prendre, et elle est bel et bien efficace le surlendemain. Il est important d’abandonner ce surnom incorrect pour ne pas induire en erreur les gens sur sa période d’efficacité car cela entraîne des mésusages.

En revanche, si elle est efficace jusqu’à 3 jours (72 h) après le rapport, son taux d’efficacité décroît fortement au fil des heures, il faut donc la prendre le plus tôt possible.

En effet, il y a 95 % d’efficacité en cas d’utilisation dans les 24 heures (1er jour). Puis cela descend à 85 % d’efficacité en cas d’utilisation entre la 24ème et la 48ème heure (2ème jour). Et enfin, le pourcentage passe à 58 % d’efficacité en cas d’utilisation entre la 48ème et la 72ème heure (3ème jour).

Le délai est donc important car plus l’on attend, plus la probabilité pour que l’ovulation ait déjà eu lieu augmente, et moins la pilule sera en mesure de la contrer.

Où et comment se la procurer ?
Au Planning Familial, dans un centre de planification ou en pharmacie, avec ou sans ordonnance.

Vu que le temps entre le rapport et la prise joue fortement sur l’efficacité, en pratique cela peut être une perte de temps d’aller chercher une ordonnance. Mais si vous arrivez à avoir un rendez-vous très rapidement, sachez qu’elle pourra vous être remboursée en partie.

Læ pharmacien·ne doit vous délivrer la pilule sans jugement, sans remarques déplacées. lel est simplement là pour vous expliquer au besoin son fonctionnement (si c’est la 1ère fois que vous utilisez) et iel vous remettra également un petit prospectus ou un guide sur la contraception.

Combien ça coûte ?
Cela dépend de votre âge :

  • - Si vous êtes majeur·e, vous la paierez sans ordonnance aux alentours de 6-7 €. Et avec ordonnance, elle vous sera remboursée à 65 % par la Sécurité sociale.
  • - Si vous êtes mineur·e, elle vous sera délivrée gratuitement et anonymement. Vous n’avez pas à montrer de justificatif (carte d’identité), ou même à communiquer votre âge. Læs pharmacien·nes n’ont pas le droit de vous le demander.

Que faire en cas de refus de vente ou du non respect de l’anonymat de læ pharmacien·ne

Nous avons donc vu que cette pilule d’urgence peut être délivrée sans ordonnance. Læ pharmacien·ne ne peut pas refuser de vous la délivrer sauf contrainte médicale. N’importe qui peut la demander indépendamment de son genre.

Il y a eu récemment un débat sur l’introduction d’une clause de conscience pour les pharmacien·nes qui ferait qu’iels pourraient décider, en se basant sur leurs convictions (religieuses notamment), de ne pas vous la donner. C’est illégal mais que faire si votre pharmacien·ne refuse tout de même ?

Si vous n’avez pas læ responsable de la pharmacie devant vous, demandez à lui parler. Essayez de noter les noms de tou·tes celleux à qui vous avez affaire. Une fois devant læ responsable, démontrez-lui que vous connaissez vos droits : iel n’a pas le droit de refuser sinon c’est un refus de vente. C’est illégal et vous pouvez porter plainte. S’il y a des personnes dans la pharmacie, demandez-leur s’iels veulent être témoin si cela va plus loin et notez leurs coordonnées si possible. Il faut faire tout cela dans le calme, généralement si vous commencez à interpeller les autres client·es, c’est suffisant pour les faire changer d’avis.

Si vous n’osez pas faire ça, ne culpabilisez pas, chacun·e fait comme iel peut. Dans ce cas, changez de pharmacie et vous pouvez toujours aller porter plainte pour refus de vente. Si jamais vous ne vous sentez pas d’aller au commissariat, vous pouvez porter plainte par écrit à l’æ procureur·e de la République selon cette procédure.

Puis il faut également écrire à l’Ordre des pharmaciens, qui est un peu le supérieur hiérarchique de tou·tes les pharmacien·nes. Læ pharmacien·ne impliqué·e pourra avoir une sanction disciplinaire. Voici la procédure à suivre.

La Pilule d'Urgence EllaOne (mal surnommée « pilule du surlendemain »)

Comment ça fonctionne ?
Tout comme la pilule d’urgence Norlevo, EllaOne contient une molécule qui retarde ou annule complètement l’ovulation. La seule différence c’est qu’elle est efficace jusqu’à 120 h (contre 72 h pour Norlevo), soit 5 jours, après le rapport non protégé.

Attention, même si elle est efficace jusqu’à 5 jours, il faut la prendre le plus tôt possible (pour éviter que l’ovulation ait déjà eu lieu avant la prise).

Son efficacité est de 97 % dans les 5 jours qui suivent le rapport à risque.

Tout comme le surnom « pilule du lendemain » pour Norlevo est trompeur et dangereux, le surnom de « pilule du surlendemain » pour EllaOne ne reflète pas la réalité et est dangereux car il entraîne des mésusages et des confusions sur sa période d’efficacité.

Où et comment se la procurer ?
Elle est délivrée uniquement sur ordonnance en pharmacie ou dans les centres de planification.
Il vous faudra donc consulter un·e médecin ou un·e sage-femme auparavant.

Combien ça coûte ?
Elle coûte 18 €, et est remboursée à 65 % par la Sécurité sociale.

Le DIU au cuivre

Vous pouvez également vous faire poser un dispositif intra-utérin au cuivre « en urgence » dans les 5 jours suivants le rapport à risque. Et à la différence des pilules d’urgence, cette solution a l’avantage de vous protéger du risque de grossesse pour les rapports suivants !

Comment ça fonctionne ?
Le cuivre rend les spermatozoïdes inactifs et empêche l’implantation de l’œuf en agissant sur la paroi de l’endomètre.

Où et comment se le procurer et se le faire poser ?
Il faut ici une double consultation, chez læ médecin généraliste, læ gynécologue ou læ sage-femme. Une première pour la prescription, et une seconde pour la pose.

Combien ça coûte ?
Il coûte 30,50 € et est remboursé à 65 % par la Sécurité sociale.

Quelques astuces et conseils

Si votre seule contraception habituelle est le préservatif, il peut être utile d’avoir une « pilule d’urgence » d’avance (vous pouvez même vous la faire prescrire pour qu’elle vous soit remboursée !) « au cas où ». Ça vous évitera d’errer paniqué·e un dimanche soir à la recherche d’une pharmacie ouverte… Et vous pouvez également en acheter une en tant que partenaire prévoyant·e !

Si vous partez à l’étranger (vacances, Erasmus), ça peut également être utile d’en acheter une avant de partir. C’est d’autant plus utile dans les pays où l’accès à la contraception d’urgence est beaucoup plus compliqué.

Pour plus d’informations sur toutes ces méthodes, vous pouvez consulter les pages dédiées sur les sites du Dr Martin Winckler et du Planning Familial.