
Vous venez de regarder L’Auberge espagnole et l’idée de faire une mobilité étudiante vous titille ? Voici tout ce qu’il faut savoir pour réussir sa mobilité à l’étranger !
Premier point : aucune mobilité étudiante ne ressemblera à L’Auberge espagnole.
Deuxième point : une mobilité étudiante, ça se prépare, et ce longtemps à l’avance.
Passage en revue des points à ne pas oublier avant de partir au loin !
Une mobilité, ça se prépare longtemps à l’avance : il faut penser à tout et anticiper. Surtout, prévoir de faire une mobilité en deuxième, troisième ou quatrième année dès le début de son cursus dans l’enseignement supérieur, permet de se mettre à niveau en langues et de mettre de l’argent de côté, nerf indispensable de toute mobilité.
Faire une mobilité étudiante, cela veut tout et rien dire à la fois. Différents types de mobilités existent et il ne faut pas les confondre :
Partir oui, mais pour aller où ? Tout dépend là encore du type de mobilité.
Pour une mobilité individuelle, la destination est en principe libre. La seule limite est le porte-monnaie, puisqu’il faudra payer les frais d’inscriptions dans l’université choisie, les frais de visa s’il y en a. Pour les États-Unis ou le Royaume-Uni, on parle ici de frais de scolarité s’élevant à plus de 10 000 € pour seulement une année… Mais heureusement, d’autres destinations sont bien moins chères.
Pour les mobilités en programme d’échange, la liste des destinations est fixée par son établissement d’enseignement supérieur (EES), en fonction de ses partenariats. La liste est de facto limitée, mais le partenariat permet généralement une meilleure prise en charge des étudiant·es. Les échanges sont nombreux et les EES français et étrangers sont dès lors habitués à travailler ensemble. Il faut toujours penser à vérifier si le partenariat en question intègre votre discipline d’études. En effet, les politiques de partenariat diffèrent en fonction des EES, a fortiori si vous êtes dans une grande université pluridisciplinaire : l’échange avec une université de Kyoto n’est peut-être permis qu’en Lettres, mathématique et langues, mais pas en économie… Là aussi, la question du budget se pose, non pas pour les frais de scolarité (que vous n’avez pas à payer) mais pour le coût de la vie quotidienne. Comptez environ $1 500 par mois si vous partez aux États-Unis ; en comparaison, un séjour en Lituanie a un coût moins important que la vie étudiante en province.
Surtout pour les mobilités en programme d’échange, ce qui est important, ce sont les cours que vous allez suivre, que vous inscrirez dans votre learning agreement. Si vous tenez absolument à travailler sur les études de genre mais qu’aucune université partenaire de votre EES n’en propose dans le pays de vos rêves, alors il vous faudra revoir votre projet de mobilité : soit changer de destination (ce qui est conseillé), soit changer de projet académique (ce qui est dommage et peut nuire à votre motivation lors de la mobilité).
Globe terrestre tournant sur son axe : la destination doit être mûrement réfléchie.
Pour le stage et la césure : tout dépendra de ce que vous trouverez. Néanmoins, faites attention : toutes les destinations ne seront pas autorisées, ou plutôt votre service des stages ou le service de relations internationales peut s’opposer à votre demande de convention ou de césure si la destination leur semble être trop dangereuse. Vous pouvez vérifier sur le portail France Diplomatie les conseils par pays ou par destination.
Chaque EES étranger a ses propres exigences. Pour connaître votre niveau linguistique, vous pouvez vous référer au CECRL (Cadre européen commun de référence pour les langues). Le minimum pour partir est un niveau B1 ; mais la très grande majorité des universités vous demanderont un niveau B2 voire C1 dans la langue cible.
Schéma du CECRL, téléchargeable en grand ici.
Autrement dit, on ne part pas en mobilité étude pour apprendre une langue, sauf dans le cadre d’une césure si l’on part comme free mover dans une université linguistique. Il faut déjà suffisamment la maîtriser avant. Par exemple, beaucoup d’étudiant·es souhaitent effectuer une mobilité au Royaume-Uni ou aux États-Unis pour améliorer leur niveau d’anglais ; néanmoins, ce sont très souvent des personnes déjà bilingues qui sont sélectionnées car le niveau linguistique minimum est très élevé.
NB : si vous partez avec Erasmus dans une université européenne, par exemple en Pologne ou en République tchèque, vos cours seront enseignés en anglais et non dans la langue du pays (même si on vous encourage à vous y mettre aussi !). Il est donc tout à fait possible de s’améliorer dans une langue particulière en partant dans un pays dont ce n’est pas la langue native. La majorité des ESS étrangers profitent d’enseignant·es formé·es à l’étranger, parfaitement bilingues.
Il faut alors prouver votre niveau de langue si vous partez étudier dans une autre langue que celle où vous êtes natife. À ce stade, ce sont les certifications linguistiques internationales qui doivent retenir votre attention !
Si vous souhaitez partir étudier en langue anglaise, il vous sera fortement recommandé voire exigé d’avoir le TOEFL. Il s’agit d’un examen linguistique payant (et cher : environ 250 €) : il convient donc de le préparer à l’avance. Un examen linguistique, de manière générale, n’est pas insurmontable avec une bonne préparation en amont : il faut comprendre la logique des questions, ce qui est demandé. Les questions finissent par se ressembler entre les tests blanc et le test le jour J.
NB : il existe plusieurs types de TOEFL : PBT (dit TOEFL papier) et iBT (dit TOEFL internet). Vérifiez bien lequel est exigé ; certaines universités étrangères sont intraitables sur les documents demandés.
D’autres tests existent, notamment les tests de Cambridge, ou l’IELTS (souvent demandé pour partir aux États-Unis ou en Australie).
Pour la langue espagnole, c’est le DELE (Diplôme d’Espagnol comme Langue Etrangère) qui fait référence (on peut le passer dans les instituts Cervantes – faites attention aux dates de passage du test, qui ne sont souvent pas calées sur les calendriers de dépôt des dossiers de candidature pour une mobilité). Pour l’allemand, c’est le certificat du Goethe Institute qui fait référence. Pour le japonais, c’est le JLPT (Japanese Language Proficiency Test, test de maîtrise de la langue japonaise) qu’il faudra passer alors que pour le coréen, vous devrez réussir le TOPIK (Test of Proficiency in Korean, test de compétence en coréen). Enfin, concernant le chinois, c’est le HSK (Hanyu Shuiping Kaoshi, test d'évaluation de chinois) qui vous sera le plus souvent demandé.
Si vous partez dans le cadre d’un programme d’échange, certains EES étrangers sont alors plus souples sur le document prouvant votre niveau linguistique, en n’exigeant pas forcément un des tests payants. C’est pourquoi il peut être très intéressant, dès le début de ses études, de regarder les certifications qu’offre la faculté de langues la plus proche. En cas de doute sur l’acceptation d’une telle certification, il ne faut pas hésiter à être proactife et à écrire bien en amont à l’établissement que l’on veut rejoindre pour avoir confirmation que le document obtenu conviendra.
Vérifiez toujours bien avant ce qui est exigé pour ne pas se tromper et avoir le temps de vous inscrire à une session de test. Il faut parfois (souvent !) se déplacer dans une autre ville universitaire pour les passer, qui engendre des frais en plus de l’inscription elle-même. Les dates de session d’examens de fin d’année sont souvent complètes longtemps à l’avance.
Si vous avez déjà passé un test linguistique, vérifiez s’il est encore valable : la plupart ne l’est que 2 ans ; un test périmé peut être refusé.
Si maîtriser la langue d’enseignement est un minimum, peu d’EES passent outre la question du niveau académique, autrement dit votre moyenne générale ou spécifique à certaines matières. La sélection est souvent double : à la fois dans l’organisme d’origine et dans l’organisme d’accueil, à plus forte raison si celui-ci est très attractif pour les étudiant·es qui sont nombreuxes à candidater.
Néanmoins, s’il y a deux choses à retenir :
Qui dit mobilité dit forcément paperasse, il va vous falloir être organisé·e et méthodique pour ne rien oublier ! La liste des documents est longue, nécessite souvent d’aller voir différents services administratifs, voire de courir derrière les enseignant·es à la sortie des cours pour obtenir de précieuses signatures…
Soyez d’abord à jour de vos documents d’identité. Vous souhaitez partir hors Europe ? Faites-vous faire un passeport dès le processus de sélection. Vous partez dans l’Union européenne et vous avez la nationalité d’un des États membres ? La carte nationale d’identité suffit ; néanmoins, vérifiez là aussi sa validité : tous les pays de l’UE n’acceptent pas la prolongation de 5 ans sur les cartes actuelles.
Réunissez aussi tous vos bulletins de notes, certificats de scolarité, certificats de langue, lettres de recommandation d’enseignant·es… généralement tous les documents nécessaires sont clairement indiqués sur les sites Web des ESS. Gardez toujours une copie scannée.
La liste des pièces justificatives demandées.
NB : si vous partez en programme d’échange, il faut bien prendre garde au double processus de sélection :
Si vous faites une mobilité étude, en particulier en programme d’échange, le document plus important est le contrat d’étude (ou contrat pédagogique, ou learning agreement). Il s’agit de la liste des cours que vous souhaitez suivre à l’étranger (gardez en tête que cette liste est toujours susceptible d’évoluer à la rentrée). C’est souvent sur cette pièce que va être juger votre dossier. Avez-vous un projet académique ou professionnel cohérent ? Est-ce que les cours proposés correspondent à votre discipline ?
Ne nous voilons pas la face : toutes les universités ne sont pas encore au niveau pour accompagner dans le projet de mobilité et accueillir les étudiant·es en situation de handicap. Il ne faut néanmoins pas se décourager car avec de l’anticipation et une bonne organisation, une mobilité est possible !
Si vous êtes dans une université qui a mis en place un service spécifique d’accompagnement des étudiant·es en situation de handicap, il faut vous munir des documents qui indiquent les aménagements dont vous pouvez bénéficier. Voyez avec elleux s’iels n’ont pas déjà accompagné un·e étudiant·e étranger·e, a fortiori avec des besoins spécifiques similaires : c’est déjà une piste pour savoir si une université à l’étranger peut vous accueillir.
Surtout contactez bien en amont votre service de relations internationales. Il n’existe malheureusement pas (encore) de guide des établissements d’enseignement supérieur étrangers qui seraient handicap-friendly ; c’est là où le personnel des relations internationales est là pour vous aider ; elleux connaissent leurs partenaires et sauront vous aider dans les démarches (notamment s’il y a des traductions à faire).
Surtout, si vous partez en mobilité avec le programme Erasmus, vous pouvez bénéficier d’aides financières supplémentaires, afin de pouvoir faire face aux frais de santé (frais réels) engagés au titre de votre maladie ou de votre handicap. L’Agence Erasmus France a d’ailleurs édité un guide pratique Erasmus + Mobilité & Handicap afin d’encourager tou·tes les étudiant·es à participer au programme Erasmus.
Première chose lorsqu’on part à l’étranger : s’enregistrer sur le portail Ariane, qui permet aux services diplomatiques et consulaires de connaître votre position. En cas de crise dans le pays (catastrophe naturelle, attentat, etc.), c’est l’outil qui permettra aux services français d’alerter les autorités locales sur votre présence sur place. Notez bien également le numéro d’urgence donné par votre service de relations internationales.
La première chose qui occupe un·e étudiant·e parti·e en mobilité est de trouver un logement. Autant si vous partez en Europe de l’Est, le coût de la vie plus bas vous permettra de vous en sortir, autant si vous partez dans des destinations plus chères, la difficulté va être de taille.
Votre établissement d’origine ne pourra pas en tant que tel vous aider à trouver un logement. Il pourra néanmoins vous communiquer les adresses des étudiant·es déjà parti·es ou encore en place (s’iels sont d’accord !) : c’est le bon plan pour récupérer une chambre dont les propriétaires ne sont pas frileuxes pour louer aux étudiant·es étranger·es !
Enfant jetant de la monnaie par la fenêtre : les premiers jours à l’étranger peuvent occasionner de grandes dépenses.
Il faut prospecter souvent à l’avance, éviter les arnaques au mandat cash, voire parfois passer les premiers jours dans une auberge de jeunesse. C’est pourquoi il est vraiment important de mettre un petit pécule de côté pour ces premiers jours, où les dépenses s'enchaînent (logement, transport, assurance…).
Surtout, il va falloir s’adapter à à peu près tout. Culture différente, langue différente, alimentation différente, pratiques différentes. Le dépaysement peut être très important lors de ces premiers jours (ou apparaître de manière plus évidente après quelques semaines). Il faut s’accrocher !
On pourrait ajouter une dernière étape : la nostalgie lorsqu’on rentre définitivement au pays.
La courbe de l'expatriation de McCormick et Chapman.
Une mobilité pendant ses études ressemble à tout sauf au film L’Auberge espagnole, devenu un cliché parmi les clichés de la mobilité. Si les soirées festives sont évidemment possibles et souvent plus fréquentes à l’étranger que dans son pays d’origine, il n’en demeure pas moins qu’il faut réussir ses examens ou son stage. C’est souvent sur la question du travail personnel que les étudiant·es rencontrent quelques écueils.
En France, à l’université du moins, nous connaissons ces longs cours magistraux, où le public passif prend des notes à la force du poignet pendant deux longues heures sans réelle interaction avec l’intervenant·e à la chaire. Voici une modalité d’enseignement que vous ne trouverez presque jamais à l’étranger. Les cours y sont généralement beaucoup plus interactifs. Surtout, ne vous laissez pas avoir par le petit nombre d’heures de cours que vous pourriez avoir : il est souvent attendu que vous arriviez en classe en ayant déjà préparé de A à Z la séance chez vous ; le cours ne servant alors que d’espace de discussion et de réflexion entre enseignant·es et étudiant·es.
Étudiants se tenant debout sur leurs tables : les techniques pédagogiques des EES étrangers sont souvent très différentes de ce que l’on connaît en France.
Les modalités de notation diffèrent également bien souvent. Il n’est pas rare de devoir rendre des mini-mémoires allant de 10 à 50 pages sur un sujet donné, avec des séminaires organisés pour vous faire avancer dans le travail durant le semestre. Les travaux de groupes sont généralement plus fréquents et il ne s’agit pas ici de laisser une personne bosser pour quatre.
Enfin, dans le cadre d’un stage, l’adaptation à une nouvelle culture doit se faire d’autant plus rapidement que le contexte professionnel est exigeant.
Après une expérience de mobilité, on en est forcément changé·e. On a vécu « autre chose » et surtout on a appris à composer avec d’autres habitudes, d’autres routines. Certaines choses qui paraissaient évidentes avant le départ nous paraissent incongrues. Par exemple, le rapport au temps particulier des Français·es (très souvent en retard, qui n’a jamais entendu parler du fameux « quart d’heure de politesse » et ses variantes locales ?) choque souvent à l’étranger, et par mécanisme d’adaptation, on apprend sans se forcer à arriver à l’heure. Même constat avec la traversée hors des passages piétons ; l’étudiant·e revenant d’Europe de l’Est, d’Allemagne ou du Japon attendra très certainement le passage au vert pour traverser.
Mais encore faut-il décider quoi faire une fois la mobilité terminée.
Souvent, on part pour une durée déterminée, plus ou moins courte : 3 mois, un semestre, un an. C’est parfois la fin du visa qui signe le retour au pays. C’est aussi la suite d’un projet académique ou professionnel qui nécessite de quitter son lieu de mobilité. Néanmoins, une mobilité n’est jamais une simple parenthèse dans un cursus.
Le plaisir de la découverte pousse certain·es étudiant·es à vouloir repartir en mobilité (c’est possible par exemple de faire une mobilité en L3, puis de repartir en M1 et enfin de bénéficier d’une nouvelle mobilité dans le cadre d’un double-diplôme pour son M2) ; il faut alors voir avec son service de relations internationales s’il est possible de (re)partir en mobilité encadrée ou bien s’il faut faire le choix d’une mobilité individuelle. Si l’on n’est pas déjà en master 2, c’est aussi l’occasion de faire une demande d’année de césure pour faire un break à l’étranger.
Le retour en tous cas peut être difficile, notamment si l’on n’a pas encore fini ses études. Il peut apparaître un réel fossé entre celleux parti·es et celleux qui sont resté·es. La perception est différente, les intérêts ont souvent évolué de part et d’autres. Il ne faut pas hésiter alors à se tourner vers les associations qui s’occupent des étudiant·es internationalaux (et si une telle asso n’existe pas, pourquoi ne pas la créer !) afin de maintenir ce lien avec l’expérience à l’étranger.
Une expérience de mobilité est à la fois un atout personnel et professionnel. Personnel car l’on change, indubitablement, profondément. On enlève généralement ses œillères que la routine place au fur et à mesure. Il serait dommage de partir à l’étranger pour ne rester qu’avec des compatriotes ! Il faut fuir cet entre-soi !
Voir ailleurs permet aussi de mieux voir chez soi : c’est en revenant d’une mobilité à l’étranger que le harcèlement de rue m’a sauté aux yeux. Pendant mon séjour, je n’avais quasiment pas été importunée, et à peine rentrée, je me faisais insulter pour avoir porté une jupe le soir. Je suis également devenue plus ponctuelle, car là où le retard n’était pour moi pas important, il était d’une impolitesse terrible chez mes hôtes. Ce changement de perspectives permet de se remettre profondément en question.
D’un point de vue professionnel, la mobilité est toujours un gros point positif sur un CV. Même si certains esprits chagrins diront que vous n’avez « rien fait d’autre que la fête »
, cette période à l’étranger est au contraire valorisable par toutes les compétences que vous avez dû utiliser pour réussir : adaptation, patience, communication...
Une mobilité à l’étranger, c’est souvent difficile et long à préparer, aussi bien d’un point de vue administratif que personnel ou financier. Mais le jeu en vaut nettement la chandelle ; on se sent transformé·e, et même si l’on est pas à l’abri d’une désillusion ou d’une mauvaise expérience, il est important, si l’on en a l’envie et l’occasion, de partir ; après tout, c’est un challenge à relever, et vous pourrez être fier·es de vous !