17 septembre 2018

Lesbiennes et gays au charbon ! L’Histoire derrière le film Pride

Trigger Warning : cet article contient des mentions et descriptions de violences policières, et mentionne des propos homophobes et sexistes.
Lesbiennes et gays au charbon ! L’Histoire derrière le film Pride

Nous sommes en 1984. Le gouvernement de Margaret Thatcher, appelée la Dame de fer, vient d’annoncer sa volonté de fermer 20 mines de charbon, mettant en danger environ 20 000 emplois. Le 12 mars, le NUM (le National Union of Mineworkers, le syndicat national des mineurs) déclare le début d’une grève qui dure presque un an, et se termine par la lourde défaite des mineurs. Aujourd’hui encore, elle reste unique dans l’histoire du mouvement ouvrier britannique, tant par son intensité que sa durée.

Cette période a été mise à l’honneur dans plusieurs œuvres, notamment le film Pride sorti il y a tout juste 4 ans, en 2014, qui raconte les actions mises en place par un groupe de lesbiennes et de gays londonien·nes pour venir en aide à la communauté de mineurs de la vallée de Dulais, au sud du Pays de Galles. Pour fêter l’anniversaire du film, on vous propose de partir à la découverte de ces évènements historiques, qui sont révélateurs de l’importance de la convergence des luttes.

Contexte historique

La vengeance, un plat qui se cuisine minutieusement

Pour comprendre ce qui s’est passé en 1984, remontons une dizaine d’années en arrière : en 1972 et 1974 ont lieu deux grèves importantes de mineurs, qui conduisent à la chute du gouvernement conservateur d’Edward Heath, remettant le Parti travailliste au pouvoir. Cette défaite reste en travers de la gorge des Tories (surnom donné aux membres du parti conservateur). Celleux-ci préparent donc depuis leur vengeance sur les mineurs, bien décidé·es à déstabiliser le NUM, qui a une grande force politique à l’époque. En 1977, ils mettent au point le Ridley Plan, un plan d’attaque destiné à faire tomber les syndicats.

Fait important : le gouvernement a manœuvré pour que la grève ait lieu au moment où il serait prêt. En 1981, iels annoncent la fermeture de plusieurs mines, avant de revenir sur leur décision suite à une menace de grève. En 1984, le gouvernement a pu mettre en place tout ce qui est nécessaire pour s’assurer cette fois-ci un contexte favorable.

En mars 1984, le gouvernement nomme Ian MacGregor à la tête du NCB, organisme chargé de gérer l’industrie du charbon. Précédemment à la tête de la structure chargée de l’acier, il est surnommé par Arthur Scargill, à juste titre, « le boucher américain de l’industrie britannique ».

Arthur Schargill est un syndicaliste originaire du Yorkshire au Royaume-Uni. Il dirigera le Syndicat national des mineurs (National Union of Mineworkers ou NUM) de 1981 à 2000. Il fondera en 1996 son propre parti politique, le Socialist Labour Party (Parti socialiste travailliste), en scission avec le Parti travailliste, en réponse à la politique de Tony Blair.

Il faut aussi savoir que le Ridley Plan prévoit de lancer la confrontation au printemps ou en été, quand la population a le moins besoin de chauffage et donc quand les besoins des mineurs se font le moins entendre : le gouvernement annonce donc, début mars, la fermeture des mines.

Le contexte économique et politique de l’époque n’est pas non plus favorable aux mineurs. L’économie sur le déclin, ainsi que le chômage en augmentation, affaiblissent les mouvements ouvriers, et les leaders du Parti travailliste essayent eux aussi de saboter les militant·es. [1]

Quand le gouvernement sent que les mineurs sont assez vulnérables, il lance l’attaque.

La situation des mineurs

En 1984, la production d’électricité dépend encore à 80 % de l’exploitation du charbon [2], les mineurs sont donc une force essentielle de production pour le pays ; cependant, les mines sont pour beaucoup déficitaires financièrement.

La grève se mène dans des conditions très désavantageuses pour les mineurs. Déjà, il est important de noter que tous les mineurs n’y sont pas favorables. C’est pourquoi le NUM a déclaré la grève sans passer par un vote de ses adhérent·es [3]. Le syndicat est par la suite condamné pour cette action et voit ses comptes gelés, rendant impossible la redistribution de l’argent collecté aux groupes locaux. Dans le même temps, des scabs (briseurs de grève) retournent travailler car ils pensent que leurs emplois ne sont pas en danger, et qu’ils n’ont pas besoin de la grève.

À cette époque, les propriétaires des habitations dans les villages miniers sont bien souvent aussi responsables de mines. Dès le XIXe siècle, les expulsions sont fréquentes pour punir les leaders syndicaux. Le fait de participer à une grève est donc d’autant plus compliqué pour les mineurs [4].

Depuis le début de la grève, Arthur Scargill, leader du NUM, insiste sur le fait que le gouvernement possède une liste secrète d’autres mines à fermer, en plus de celles annoncées. Sa crédibilité ayant été entachée les années précédentes à cause d’une gestion du NUM jugée mauvaise par certain·es, il n’est pas cru par beaucoup de mineurs [5]. Il a cependant raison : en réalité, ce ne sont pas 20 mais 70 mines qui sont ciblées. Cette information est révélée en 2014, suite à la publication de documents provenant du cabinet de Margaret Thatcher. À l’intérieur se trouvent des preuves que le gouvernement avait réellement comme objectif, ainsi que l’avait exprimé Scargill, de fermer 70 mines, mettant en péril 70 000 emplois. L’information n’a pas été révélée plus tôt car une loi britannique ne permet la publication de certains documents gouvernementaux que 30 ans après leur édition.

En 1980, le gouvernement de Thatcher adopte une loi sur l’emploi, qui apporte de nouvelles restrictions sur le droit de grève : il est désormais interdit de participer aux piquets de grève si l’on est pas directement concerné·e, interdisant ainsi les grèves solidaires. Cette mesure diminue donc de fait le vivier de soutien qui aurait pu être celui du NUM.

De plus, cette grève prend rapidement des proportions auxquelles les mineurs ne s’attendaient pas forcément. Les grèves de 1972 et 1974 avaient été plutôt courtes, mais au bout de quelques mois, les ouvriers comprennent que celle-ci sera beaucoup plus longue, et qu’il est donc vital de trouver des moyens de récolter des fonds. Cela change donc complètement la dynamique de lutte, au sein de laquelle il devient parfois plus important de trouver de l’argent et de la nourriture que de tenir les piquets de grève.

Il faut aussi savoir que la Pologne, pourtant communiste, voit dans la grève une opportunité commerciale. Elle exporte du charbon en quantité vers le Royaume-Uni, aidant ainsi Thatcher à briser la grève.

Les analyses se recoupent pour dire que les mineurs ont failli gagner cette grève, à plusieurs reprises, notamment quand d’autres professions, comme les dockers, se sont jointes aux grévistes. Cependant, le gouvernement de Thatcher s’impose contre le NUM, comme nous le verrons plus loin.

Cette défaite a un impact sur les mineurs bien évidemment, mais aussi sur toute la classe ouvrière britannique.

« You and me together, fighting for our love* »

« Ensemble, toi et moi, nous nous battons pour notre amour » – extrait de « Why » des Bronski Beat, album The Age of Consent.

Si Margaret Thatcher fait partie des rares parlementaires à voter pour la dépénalisation de l’homosexualité masculine (l’homosexualité lesbienne n’est ni reconnue ni criminalisée en tant que telle à ce moment) en 1967, elle n’est pas pour autant une alliée convaincue des droits LGBT+.

Il est important de noter que cette loi ne décriminalise pas la sodomie, et cantonne les « actes homosexuels légaux » au cadre privé, c’est-à-dire uniquement la demeure de la personne concernée, sans aucune autre personne présente sur les lieux (pas même dans une autre pièce). C’est aussi cette loi qui instaure une majorité sexuelle pour les hommes gays à 21 ans, contre 16 ans pour les personnes hétérosexuelles.

En 1970, le Gay Liberation Front, créé aux États-Unis après les émeutes de Stonewall, fait son apparition à Londres pour défendre les droits des personnes homosexuelles. On dit d’ailleurs souvent que LGSM est son héritier. Il éclate en 1974 suite à des conflits internes, mêmes si ses militant·es continuent d’œuvrer et de manifester pour la cause LGBT+, notamment lors de l'épidémie du VIH faisant rage dans les années 1980-1990. Le premier cas de décès reconnu au Royaume-Uni des suites du VIH eu lieu en 1981 au London’s Brompton Hospital, certains journaux qualifient l’épidémie de « peste gay ».

À cette époque, les homosexuels font aussi les frais de la pretty police, des officiers au physique vu comme avantageux missionnés pour piéger les hommes gays en les amenant à commettre des actes homosexuels en public (incluant s’embrasser, se toucher ou proposer à une personne des relations sexuelles). Le délit de « gross indecency » (indécence manifeste) n’est pas défini explicitement dans la loi, ce qui a permis de condamner des personnes homosexuelles, quand il n’était pas possible de les poursuivre pour sodomie. Entre 1966 et 1974, les arrestations pour indécence augmentent de 300 % [6], la loi de dépénalisation n’étant qu’une façade d’un État toujours aussi homophobe.

« Génial, renversons le gouvernement » : Faye Marsay interprétant Stephanie Chambers, extrait du film Pride. Cette réplique est dite lors de la création de LGSM.

En 1984, un mois après le début de la grève, la librairie Gay the Word (QG du mouvement LGSM) connaît de son côté une descente de police, destinée là encore à fragiliser l’espace social des personnes homosexuelles.

Lesbians and Gays Support the Miners

À première vue, le lien entre les mineurs et les personnes homosexuelles n’est pas évident. Entre la menace des fermetures de mines pour les un·es, la répression et l'épidémie du sida pour les autres, chacun·e a bien à faire de son côté.

Comment alors un groupe de gays et lesbiennes est devenu le plus grand collecteur de fonds pour les grévistes ?

L’ennemi commun

« Mining communities are being bullied like we are, being harassed by the police, just as we are. One community should give solidarity to another. It is really illogical to say: «I’m gay and I’m into defending the gay community but I don’t care about anything else [7] ». » Mark Ashton, fondateur de LGSM.

« Les communautés minières sont persécutées comme nous, harcelées par la police tout comme nous. Une communauté doit être solidaire avec une autre. Il est vraiment illogique de dire : "Je suis gay et je défends la communauté gay mais je ne me soucie de rien d’autre". »

« Maintenant, ces communautés minières sont persécutées exactement comme nous » : Ben Schnetzer interprétant Mark Ashton dans le film Pride.

Si chacun·e a ses problèmes à gérer, le point commun de beaucoup de leur difficultés réside dans le gouvernement britannique et Margaret Thatcher. Les mineurs font désormais face à une répression policière démesurée, dont les homosexuel·les étaient déjà victimes depuis de nombreuses années.

Les minorités, qu’il s’agisse de personnes homosexuelles, racisées ou de femmes, ont complètement conscience de l’importance de cette lutte, dont la défaite ne donnerait qu’un terreau favorable à l'instauration de nouvelles répressions sur les autres minorités ensuite.

« If this strike isn’t won, we as Lesbians and Gays have a lot to lose when the Tories and their henchmen come for us [8]. »

« Si nous ne gagnons pas cette grève, nous, les lesbiennes et les gays, avons beaucoup à perdre lorsque les conservateurs et leurs hommes de main s’attaqueront à nous. »

La plupart des membres fondateurs de LGSM (Lesbians and Gays Support the Miners – les Lesbiennes et les Gays Soutiennent les Mineurs) étaient membres du Parti communiste ou trotskiste, à l’instar de Mark Ashton qui était secrétaire général de la Ligue des jeunes communistes. Ces opinions politiques ont eu beaucoup d’influence sur la création de ce mouvement. Ray Goodspeed, un des membres fondateurs, explique que les communistes voyaient le soutien aux mineurs comme un soutien d’un groupe attaqué par le gouvernement à un autre, et que les trotskistes voyaient ce combat comme directement en lien avec la lutte des classes, considérant que le destin de toute la classe ouvrière dépendait de celui des mineurs [9].

Si les membres de LGSM était en lien avec le communisme, ce prisme politique est presque totalement absent du film Pride. En effet, les producteurices craignaient que cela ne déplaise fortement au public américain. [10]

L’histoire de LGSM commence lors de la Gay Pride de 1984, quand Mark Ashton et Mike Jackson commencent à collecter de l’argent en soutien aux mineurs de façon improvisée. Peu après, ils assistent à un meeting organisé par l’association étudiante University of London Union, durant lequel intervient un représentant du syndicat des mineureuses du sud du Pays de Galles. Suite à cela, Lesbian and Gays Support the Miners sera officiellement créé à Londres et, début 1985, on totalise 11 groupes au Royaume-Uni.

« Why did I join LGSM? I saw workers’ rights and sexual liberation as parts of the same fight. Thatcher was out to smash the National Union of Mineworkers. She was also exploiting the Aids pandemic to demonise the increasingly confident gay movement. I wanted to help the miners win and to bring down the Thatcher government. » Nicola dans une interview pour Timeout [11].

« Pourquoi j’ai rejoint LGSM ? J'ai vu les droits des travailleureuses et la libération sexuelle comme faisant partie du même combat. Thatcher était sur le point de détruire le Syndicat national des mineurs. Elle exploitait également la pandémie du sida pour diaboliser un mouvement gay de plus en plus assuré. Je voulais aider les mineurs à gagner et renverser le gouvernement Thatcher. »

Deux règles sont mises en place au sein du groupe, à l’initiative de Mark Ashton : le soutien aux mineurs doit être inconditionnel et personne ne peut donner son avis ou voter s’iel ne participe pas aux collectes [12].

Le groupe se met à collecter à plusieurs endroits identifiés comme faisant partie du milieu gay : bars, boîtes, et la libraire Gay’s the Word qui deviendra leur QG.

Des membres de LGSM collectant devant la librairie Gay’s the Word à Bloomsbury, Londres, à la fin de l’année 1984. Crédits : LGSM2014.

Les comptes du NUM ayant été gelés suite à une décision de justice, il est impossible de faire transiter les fonds via le syndicat. LGSM, comme tous les autres groupes de soutien, choisit des communautés spécifiques, pour reverser l’argent aux groupes de soutien locaux. Le jumelage le plus connu est celui du groupe LGSM de Londres avec la communauté minière de Dulais, que l’on voit dans le film Pride. Le fait « d’adopter » un village minier permet aussi, au-delà du transit de fond, de pouvoir créer un réel espace d’échange et de rencontre.

Photographie de membres de LGSM à côté du van que les communautés de mineurs du sud du Pays de Galles ont pu acheter avec l’argent récolté.

Pour proposer ce jumelage, LGSM envoie une lettre au groupe de soutien local, et si une partie des mineurs est hostile à ce compagnonnage, d’autres y trouvent une opportunité de rencontrer des gays et des lesbiennes, une population qu’iels ne connaissent pas vraiment (en plus évidemment de l’intérêt financier). Ce groupe de soutien aident les mineurs grévistes et leur familles, implantées dans trois vallées galloises, Dulais, Neath et Swansea, soit un total de 3 500 personnes [13].

Pour LGSM, il est important de revendiquer leur engagement politique en lien avec une identité sexuelle assumée, que non seulement les mineurs aient conscience que l’argent n’est pas que collecté par des personnes homosexuelles, mais aussi donné par elleux-mêmes. Ce qui est d’autant plus important quand on sait dans quelle précarité se trouvent alors les minorités sexuelles.

Quatres membres de LGSM collectant de l’argent, extrait du film Pride.

À elleux seul·es, les membres de LGSM récoltent plus de £20 000 (ce qui équivaut aujourd’hui à £62 437 soit presque 70 000€), leurs donations permettant de payer environ un quart des factures des mineurs de Dulais [14].

En décembre 1984 est organisé l’événement Pits and Perverts, un concert caritatif qui rapporte à lui seul £5 650 avec à l’affiche le groupe militant Bronski Beat.

Jimmy Sommerville, chanteur de Bronski Beat puis de The Communards, écrit la chanson For a Friend en hommage à Mark Ashton, qui décède le 11 février 1987 à l’âge de 26 ans après avoir été diagnostiqué séropositif.

Si l’action de LGSM est soutenue par une grande majorité des personnes homosexuelles, certain·es lui reprochent d’aider une autre communauté alors que la leur est à cette époque en grande difficulté, et qu’il aurait été plus juste de collecter des fonds pour la recherche contre le sida. Cependant, comme les membres de LGSM le font remarquer, ce combat est l’affaire de tou·tes, car après les mineurs, le gouvernement allait s’attaquer aux autres groupes opprimés. D’autres, originaires de villes minières, s'opposent aussi à ce soutien, argumentant que les mineurs sont des populations homophobes les ayant persécuté·es, et qu’iels refusent de leur apporter tout soutien pour cette raison.

L’action entreprise par LGSM était notamment critiquée par le CGHE, Conservative Group for Homosexual Equality (Groupe conservateur pour l’égalité homosexuelle), pour qui faire un lien entre les droits des personnes homosexuelles et ceux des mineurs allait nuire à la cause. En signe de protestation, le CGHE fit un don de £25 à l’organisation des mineurs contre la grève. Un geste ridicule quand on regarde les sommes envoyées par LGSM, et qui sera bien évidemment moqué [15].

Ici, les mineurs ne sont pas vus comme un groupe à part, mais comme une minorité faisant face au même oppresseur, le capitalisme, représenté par le gouvernement de Thatcher. L’enjeu n’est plus seulement de défendre les mines déficitaires, mais de mener un combat idéologique, pour une société non plus orientée sur le profit, mais sur ses besoins [16].

Le gouvernement à l’attaque des mineurs

Margaret Thatcher et son gouvernement, bien décidé·es à mettre à mal la classe ouvrière et les syndicats, ont développé plusieurs stratégies pour se rapprocher de ce but.

Tout d’abord, une grande opération policière est lancée. Des milliers d’agent·es sont posté·es dans les villages miniers, posant des barrages routiers, contrôlant les allées et venues des mineurs, fouillant les véhicules. Penny Green raconte même que des policiers ont interdit à un homme de se rendre à son rendez-vous à l'hôpital, en faisant pression pour qu’il retourne au travail pour y avoir droit [17]. Iels vont même jusqu’à faire des raids sur les maisons suspectées d’abriter des personnes venues en soutien aux grévistes. La plupart de ces agissements sont évidemment illégaux.

L’épisode le plus connu à ce sujet reste la confrontation d’Orgreave qui a eu lieu le 18 juin 1984 et qui est décrite par l’historien Tristram Hunt comme « un exemple brutal de la violence étatique légalisée [18] ». À l’origine se trouvent des mineurs venus protester contre les scabs, ceux qui retournent travailler, brisant la grève, et contre les convois de camion transportant le charbon. Environ 6 000 officier·es de police sont déployé·es.

Quand les grévistes se sont avancé·es à l’arrivée des camions, la police montée a chargé, dans une réaction totalement disproportionnée aux évènements en cours. Les mineurs ont répondu à l’assaut, notamment en lançant des projectiles sur la police, et s’en est suivie une confrontation violente où la police a matraqué des grévistes non armé·es.

Suite à cela, un calme relatif s’installe. Une partie des mineurs part, et les autres restent pour protester sur les lieux, de façon totalement pacifique, par une simple occupation du terrain (on raconte même que certains faisaient la sieste ou jouaient au football). À ce moment-là, la police est clairement plus nombreuse que les grévistes, qui ne présentent plus aucun danger par ailleurs. La dernière offensive de la police, violente, puisqu’elle va jusqu’à poursuivre les grévistes en fuite dans les rue d’Orgreave, est totalement injustifiée et injustifiable.

95 mineurs sont arrêtés et inculpés pour émeute (crime passible de la prison à vie à l’époque) et désordre violent. Le procès donne raison aux grévistes, après que les preuves avancées par la police sont jugées comme peu fiables, notamment suite à des aveux de policier·es à qui l’on avait dicté les témoignages qu’iels devaient faire devant la justice. Ces arrestations ont été réalisées dans le but de faire un exemple de ces mineurs, et d’aider à briser la grève. Ed Miliband, un homme politique britannique, a même appelé en 2014 à une enquête sur les fautes commises par la police lors de cette confrontation, qui avaient évidemment été niées par Margaret Thatcher à l’époque [19].

Les pratiques policières importent peu à Margaret Thatcher, qui tient avant tout à détruire ses ennemis politiques, ici les mineurs qu’elle a surnommés « the enemy within », « l’ennemi de l’intérieur ». Jouant sur la fibre patriotique des Britanniques, cette appellation symbolique rend aux yeux de tou·tes l’action des mineurs hors-la-loi. Son chancelier va même jusqu’à assimiler les mineurs aux nazis en comparant la préparation du gouvernement pour la grève au réarmement pour faire face à la menace hitlérienne : « like re-arming to face the threat of Hitler » [20].

En tout, ce sont 11 312 mineurs qui sont arrêtés pendant la grève, et leurs procès ont lieu sous le prisme défavorable de la culpabilisation collective, et non pas des actes uniquement individuels [21].

Prêt à tout pour faire tomber les syndicats, le gouvernement les fait même surveiller de l’intérieur en infiltrant plusieurs agents du MI5 dans les hautes sphères du NUM, ce qui leur permet notamment d’espionner les mineurs et de récolter des informations essentielles aux planifications des opérations de police [22].

Une autre partie de la tactique de Thatcher est d’utiliser la propagande pour donner une image violente des mineurs, diminuant ainsi leurs soutiens auprès de la population. Le quotidien The Sun, déjà le tabloïd britannique le plus vendu à l’époque, participe grandement à la construction de cette fausse représentation des grévistes. C’est d’ailleurs en voyant leur réalité distordue que les mineurs se rendent réellement compte de tous les mensonges qu’ils ont pu y lire concernant les homosexuel·les.

À cette époque, il n’est pas possible d’être neutre : soit on soutient les mineurs, soit on est du côté de Thatcher. Cette division du pays amène des personnes parfois peu politisées à soutenir les mineurs, notamment dans le cadre de LGSM.

Cette grève est un combat pour toute la classe ouvrière, mais celle-ci n’a pas assez suivi le mouvement pour apporter la victoire.

Photographie de groupe de cinq membres de LGSM au piquet de grève d’une centrale électrique (East Neasden Power Station) au début de l’année 1985. De gauche à droite : Jonathan Blake (interprété by Dominic West dans Pride), Mike Jackson (interprété par Joe Gilgun dans Pride), Ray Aller, Colin Clews et Ray Goodspeed (aucun des trois derniers n'apparaît dans le film).

La voix des minorités

Et les femmes dans tout ça ?

La grève de 1984 est régulièrement décrite comme le point de départ d’un engagement politique et féministe des épouses de mineurs. On les représente souvent comme étant toutes des femmes cantonnées à leur foyer, et sans réelle conscience politique, dont toute la vie tourne autour de leur mari, leurs enfants et la mine, ce qui est factuellement faux. Avant 1984, une partie des épouses de mineurs sont déjà engagées dans des organisations locales, liées à leurs activités dans la communauté. Parfois, elles sont même membres d’organisations politiques ou religieuses, même si celles-ci restent majoritairement dominées par les hommes. D’ailleurs, ces expériences ont été essentielles pour structurer les organisations de femmes lors de la grève [23].

« Women are very active in this village. Always have been... Have you ever noticed... when you are talking to a miners’ group, it’s the women who are talking, not the men? The men went to work to get the pennies to bring back to the wives to sort out the problems. [24] »

« Les femmes sont très actives dans ce village. Elles l’ont toujours été... Avez-vous déjà remarqué que... quand vous parlez à un groupe de mineurs, ce sont les femmes qui parlent, pas les hommes ? Les hommes vont travailler pour ramener de l’argent aux épouses afin qu’elles règlent les problèmes. »

Dès les années 1960, avec le début de la fragilisation de l’industrie minière, une grande partie des femmes commencent à travailler aussi, en plus de leurs époux, pour subvenir aux besoins de la famille. Si ce n’est pas le cas de toutes, l’emploi des femmes augmente depuis cette période, et leurs revenus deviennent les seuls du foyer au moment de la grève. En 1981, le Royaume-Uni compte 12 millions de travailleureuses syndiqué·es dont 30 % sont des femmes. Elles restent cependant peu présentes dans les instances de décisions, majoritairement masculines, même au sein des organisations syndicales majoritairement féminines [25].

Certaines femmes participent aussi au mouvement sans être épouses de mineurs, car elles sont employées par le NCB dans les bureaux ou les cantines et ont décidé de se mettre en grève, ou simplement parce qu’elles soutiennent la cause des grévistes. Les mères de grévistes sont aussi partie prenante de la lutte.

Les femmes ont tout de suite participé à la lutte. Il s’agit surtout, dans un premier temps, d’un soutien fonctionnel aux grévistes, notamment en organisant la distribution de nourriture et les cantines. Toujours cantonnées aux rôles genrés elles ont rapidement, pour certaines d’entre elles, participé aux piquets de grèves ainsi qu’aux manifestations, voire aux prises de parole en public. Néanmoins, les femmes restent tout de même majoritairement sur des missions en lien avec un travail domestique et émotionnel, alors que les hommes sont responsables du côté politique et stratégique. Nous sommes loin de l’image parfois renvoyée d’un cortège de femmes ultra-politisées et féministe.

« Ils ne me voulaient pas à la cantine, ils me voulaient dans le comité ! », Jessica Gunning interprétant Siân James, extrait du film Pride.

« The notion that there had been a great big army of very politicized miners’ wives that had risen up and done this and that... it wasn’t remotely true. God, if they had we would have had an easy time of it… [26] »

« L'idée qu’une grande armée d'épouses de mineurs très politisées se soit levée et ait fait ceci et cela… ce n'était pas du tout vrai. Mon dieu, si ça avait été le cas, nous aurions eu la vie facile… »

En 1984 est créée l’organisation Women Against Pit Closures (les Femmes contre la fermeture des mines), destinée à soutenir la grève. 75 % de ses membres viennent de familles de mineurs. Non mixte, ce groupe permet aux femmes de faire entendre leurs voix au sein du NUM, et leur donne accès à un milieu politique très masculin, certaines allant jusqu'à parler même de sanctuaire [27]. Pour elles, il s’agit de faire entendre que ce combat n’appartient pas seulement aux hommes, mais à tou·tes. Cependant, il est difficile de faire voler en éclat une tradition patriarcale vieille de plusieurs siècles, et à la fin de la grève, les femmes n’ont toujours pas la même place que les hommes, ne sont toujours pas vues en tant que réelles égales. De plus, à la fin de la grève, la pauvreté et la précarité font que la plupart des initiatives d’organisation politique entre femmes s’effondrent en même temps que les initiatives collectives de soutien mises en place pendant la grève. La plupart des femmes qui ont continué d’avoir un engagement militant après la grève sont celles qui en avaient déjà un avant son lancement.

Photographie de Hefina Headon et Siân James, épouses de mineurs grévistes de Dulais.

« It was the women who kept the strike going. It wasn’t the men. It was the loyalty of the women behind the men. » Dot, 1986 [28]

« C’est grâce aux femmes que la grève a continué. Pas aux hommes. C'est grâce à la loyauté des femmes derrière les hommes. »

Cette loyauté est retranscrite, par exemple, dans le nom du groupe de soutien North Staff Miners’ Wives Action Groupe (Groupe d’action des épouses de mineurs du Staffordshire). Toutes les femmes composant le groupes ne sont pas épouses de mineurs, mais c’est pour elles symbolique :

« It defined a relationship to a struggle, a class struggle around mining, and that was the difference [...] on occasions people would say: «you are not a miner’s wife?». I am not anybody’s wife, but the Miners’ wives had become the symbol of a struggle. » Liz, Women’s Forum, 2004  [29].

« Cela définissait la relation à la lutte, une lutte de classe autour de l’exploitation minière, et là était la différence. [...] À certaines occasions, les gens disaient : «Tu n’es pas épouse de mineur ?» Je ne suis l’épouse de personne, mais les épouses de mineurs sont devenues un symbole de la lutte. »

Pour autant, de nombreuses femmes ne se définissent pas comme féministes, car à l’époque, cela renvoie encore vers une image déformée mettant en danger notamment les relations familiales.

De plus, pour elles, cette lutte est une lutte de classe avant d’être une lutte de genre, et elles se sentent plus proches des travailleureuses oppressé·es de la classe ouvrière que des femmes en général et notamment des femmes de la classe moyenne [30].

Le mouvement féministe qui se développe depuis les années 1960 tend en effet plutôt à être composé de femmes de classe moyenne, même si les causes auxquelles il s’attaque restent communes à tou·tes. Souvent, celles-ci refusent de travailler en lien avec le Parti travailliste ou les syndicats, car ils sont à dominance masculine, mais cela les éloigne donc des femmes des classes populaires [31]. La grève est donc aussi une opportunité de créer un mouvement de femmes émergent de la classe populaire.

« That’s where the feminists and the socialists and people like that made their mistake. I think they were expecting us to be at the forefront of a frightening women’s movement, and I think they were expecting too much. » Jean, 2002 [32].

« C'est là que les féministes et les socialistes et les gens comme elleux ont commis une erreur. Je pense qu'iels s'attendaient à ce que nous soyons à l'avant-garde d'un mouvement effrayant de femmes et je pense qu'iels en attendaient trop. »

Il est en tout cas établi que sans le soutien des femmes, la grève se serait rapidement effondrée. Leurs compétences et savoir-faire ont été essentiel·les pendant la grève. Et pour certaines, cela a été l’occasion de découvrir une force présente en elles, qu’elles ignoraient. Ce fut aussi pour plusieurs d’entre elles une opportunité de se confronter au monde politique pour ensuite s’y engager. On pense notamment à Siân James, épouse d’un mineur de Dulais qui est ensuite devenue la première femme députée de sa circonscription, rôle qu’elle tient pendant dix ans.

Beaucoup de femmes activistes continuent néanmoins à militer, cependant cela ne se fait pas au sein de groupes d’action mais de façon individuelle, notamment au sein du Parti travailliste, du mouvement pacifiste ou encore parfois du féminisme [33]. Mais encore une fois, il s’agit souvent de femmes ayant déjà une expérience militante datant d’avant la grève.

Quelle diversité au sein de LGSM ?

« The realities of the divisions between lesbians and gay men were reflected in LGSM. It is as important for us to break down these barriers within our community as it is to challenge sexism in society as a whole. » Stephanie Chambers, membre de LGSM [34].

« Les réalités des divisions entre lesbiennes et gays se reflétaient dans LGSM. Il est tout aussi important pour nous d’éliminer ces barrières au sein de notre communauté que de s’attaquer au sexisme dans l’ensemble de la société. »

« C’est ça. Je suis le L de LGSM » : Faye Marsay interprétant Stephanie Chambers, extrait du film Pride.

Si après sa création, LGSM comporte des membres de tous les partis politiques ou presque, la diversité du groupe n’est pas totale. La plupart de ses membres restent des hommes blancs : peu de femmes et de personnes racisées ont intégré le groupe. Si quelques femmes sont présentes chez LGSM, plusieurs ont choisi de participer à un groupe parallèle, LAPC : Lesbians Against Pit Closure (les Lesbiennes contre la fermeture des mines). Pour elles, il est important d’avoir un mouvement séparé pour plusieurs raisons : l’une étant que les droits des femmes ne sont pas pris en compte dans les réflexions politiques de LGSM, et que le fait que le groupe soit en très grande majorité constitué d’hommes ne leur permet pas de prendre la place qui est la leur (notamment parce que les hommes présents sont aussi très engagés politiquement et qu’ils le mettent en avant un peu trop fortement pendant les réunions, ne laissant pas la place aux autres), mais aussi que l’organisation d’un groupe non mixte permet de s’inscrire dans ce nouveau réseau de femmes venant en soutien aux mineurs en grève, au niveau national. C’est aussi pour elles l’occasion de revendiquer un leadership féminin sur la scène politique, notamment à gauche.

Lesbians Against Pit Closures, extrait du documentaire All out! Dancing in Dulais.

Pour certain·es, cette division n’est pas la bienvenue, car elle coupe les femmes des endroits où lutter contre le sexisme [35]. Ce schisme est notamment présenté de façon négative dans le film Pride.

À l’époque, les femmes lesbiennes ont une réelle volonté de se faire entendre au sein du mouvement pour les droits homosexuels, où la parole est aussi souvent confisquée par les hommes. Elles ont même inauguré une marche des fiertés non mixte, la Lesbian Strength March.

Les personnes noires, de leur côté, se sont plus facilement tournées vers la Black Delegation to the Miners, sur laquelle on ne retrouve aujourd’hui que peu d’informations.

Concernant les personnes bisexuelles ou transgenres, on ne trouve pas d’informations. À l’époque, la plupart des mouvements liés aux minorités sexuelles ne comportent que le terme « gay » dans leur appellation, le simple fait d’avoir inclus les lesbiennes est déjà révolutionnaire. Cela est cependant très révélateur du problème des personnes minorisées dans les minorités. Rappelons seulement qu’à l’origine des Prides on retrouve notamment deux femmes transgenres et racisées.

Après la grève ?

La solidarité continue

Les mineurs grévistes et les membres de LGSM sont resté·es en contact après la fin de la grève. Si les liens entre les autres factions LGSM du pays se sont rapidement étiolés, ceux entre les membres londonien·nes et la vallée de Dulais sont encore présents aujourd’hui.

Quelques mois après la fin de la grève a lieu la Pride de 1985, où environ 80 mineurs et familles de mineurs défilent aux côtés des personnes LGBT+. C’est d’ailleurs une fanfare de mineurs qui est choisie pour mener la marche.

En plus de cela, les échanges entre les deux communautés continuent, les amitiés créées perdurent. Iels se revoient régulièrement, notamment à l’occasion de mariages, ou de funérailles, comme par exemple celles de Mark Ashton à propos de laquelle Ray Goodspeed partage cette anecdote émouvante :

« All the miners came back up again for his funeral. We had the banners and the band and everything. We marched to the cemetery. So if you thought the Gay Pride march in ’85 was moving, you should have seen the funeral. There were miners and miners’ wives sobbing. [36] »

« Tous les mineurs sont revenus pour ses funérailles. Nous avions les bannières et le groupe et tout. Nous avons marché jusqu'au cimetière. Donc, si vous pensiez que la marche de la Gay Pride en 1985 était émouvante, vous auriez dû assister aux funérailles. Il y avait des mineurs et des épouses de mineurs qui sanglotaient. »

Les conséquences politiques

« Lesbians and Gays Support the Miners brought socialism onto the agenda of sexual politics in the London lesbian and gay community, but at the same time it put sexual politics onto the agenda of trade union politics. »

« LGSM a mis le socialisme à l'ordre du jour des politiques sexuelles dans la communauté lesbienne et gay de Londres, mais en même temps il a mis la question des politiques sexuelles à l'ordre du jour de la politique menée par les syndicats. [37] »

Venir en soutien des mineurs est, au-delà d’une solidarité essentielle et politiquement forte, aussi un pas stratégique pour Mark Ashton, pour se rapprocher du mouvement ouvrier et du Parti travailliste et mettre à l’ordre du jour les problématiques gays, la liberté sexuelle et la recherche d’un traitement contre le sida [38]. À l’époque, le Royaume-Uni ne soutient pas réellement la recherche pour trouver un traitement, et les médias britanniques s’en servent énormément pour stigmatiser la population homosexuelle.

« You have worn our badge, «Coal not Dole», and you know what harassment means, as we do. Now we will pin your badge on us; we will support you. It won’t change overnight, but now 140,000 miners know that there are other causes and other problems. We know about blacks, and gays and nuclear disarmament, and will never be the same. » David Donovan, leader du groupe de soutien de Dulais, au concert Pits and Perverts [39].

« Vous avez porté notre badge »Coal not Dole» [NDLR : »Du charbon, pas du chômage»] et vous savez ce que le harcèlement signifie, comme nous. Nous allons maintenant porter votre badge. Nous vous soutiendrons. Cela ne changera pas du jour au lendemain, mais maintenant, 140 000 mineurs savent qu'il existe d'autres causes et d'autres problèmes. Nous avons conscience des noirs, des gays et du désarmement nucléaire et nous ne serons jamais plus les mêmes. »

« Voyez-vous ce que nous avons accompli ici ? » : Paddy Considine interprétant David (Dai) Donovan, extrait du film Pride.

Avant la grève, les soucis de sexisme et le lobbyisme des droits pour les personnes homosexuelles étaient écartés de l’ordre du jour du NUM par Arthur Scargill. Désormais, ils sont réinscrits dans les combats du syndicat.

En 1985 a lieu une conférence du Parti travailliste durant laquelle une motion est présentée, engageant le parti à soutenir l’égalité des droits pour les gays et les lesbiennes Jusque-là, cette motion n’était jamais passée, mais en 1985, le NUM fait bloc et soutient la proposition, qui est donc adoptée grâce au syndicats et ses allié·es. C’est un pas essentiel politiquement, il montre que le soutien des mineurs est réel.
Cependant, ce soutien ne suffit pas.

En 1988, le gouvernement thatcherien vote ce que l’on appelle la Section 28, un amendement interdisant la promotion de l’homosexualité, notamment dans les écoles publiques où il est interdit d’enseigner « l’acceptabilité de l’homosexualité comme prétendue relation familiale ». Cette mesure fait suite au discours homophobe de Margaret Thatcher en 1987, critiquant le fait que l’on puisse dire aux enfants qu’il est normal d’être gay.

Si personne n’est condamné·e suite à l’adoption de cet amendement, il en résulte tout de même des conséquences pour la population homosexuelle puisqu’elle offre un terreau parfait pour l’homophobie.

Si LGSM a longtemps gardé des liens avec les mineurs, entre 1984 et 1988, quatre des cinq mines de Dulais ont été fermées, et le NUM a été indubitablement affaibli par la défaite de la grève, leur soutien n’est donc pas suffisant pour empêcher l’adoption de cette amendement [40].

C’est aussi à cette époque que les associations se battent pour instaurer une égalité de majorité sexuelle (qui est à 21 ans pour les homosexuels contre 16 pour les hétérosexuel·les), mais cette mesure n’est adoptée qu’en 2001…

On note aussi une évolution dans la perception des gays et des lesbiennes dans les communautés minières, avec notamment de plus en plus de coming-out. Évidemment, l’homophobie et la lesbophobie ne disparaissent pas du jour au lendemain, mais c’est quand même un réel pas en avant, démontrant qu’une grande partie de cette haine de l’autre résultait pour beaucoup d’une méconnaissance (et du mal fait par la propagande anti-homosexuel·les des médias).

S’il est difficile de se rendre compte précisément aujourd’hui de certaines conséquences politiques de la grève, il est pourtant possible de voir des liens entre cette défaite et l’évolution politique du Royaume-Uni. L’échec du NUM est un facteur primordial dans le déclin des forces syndicales, entraînant aussi un déclin du mouvement de lutte de la classe ouvrière. Aussi, le Parti travailliste connaît un virage à droite, amenant notamment au blairisme. Si la défaite du NUM n’est évidemment pas la seule cause, elle y joue un rôle important [41].

« And in the spirit of solidarity we should, in any case, support those other groups the Tories attack – the poor, migrants, the disabled, and – once again – the trade unions. [42] »

« Et dans un esprit de solidarité, nous devrions, dans tous les cas, soutenir les autres groupes attaqués par les conservateurs – les personnes pauvres, migrant·es, en situation de handicap et, encore une fois, les syndicats. »

Ne pas tomber dans l’oubli

LGSM a compris dès le début l’importance de construire des archives et un héritage. Très vite, des images des actions ont été réalisées, en vidéo ou en photographie. Un film de promotion de l’action a d’ailleurs participé à une projection, à laquelle était incluse d’autres vidéos réalisées par les groupes de soutien de femmes et de personnes racisées à l’époque de la grève. En collectant des images, des coupures de presse et d’autres archives, LGSM partait du principe que leur action ne tomberait pas dans l’oubli et que cela permettrait d’informer les gens sur les liens possibles entre les deux communautés, ainsi que leurs points communs dans l’oppression.

Pour beaucoup de personnes au Royaume-Uni, l’histoire de LGSM s’est transformée en une sorte de mythe, une vision lointaine mais plus vraiment réelle. L’histoire continuait à se raconter pourtant, notamment dans les vallées du sud du Pays de Galles. Cependant, ces évènements ont souvent été romantisés, ce qui est régulièrement critiqué. Comment apprendre pour faire mieux ensuite si on occulte les erreurs passées ?

« When I heard they were making a film, I couldn’t believe it. I thought, «Who’s going to come and watch a film about lesbians and gay men supporting the miners thirty years ago?» » Stephanie Chambers [43].

« Quand j’ai entendu qu’iels en faisaient un film, je n’arrivais pas à y croire. J’ai pensé «qui va venir voir un film à propos de lesbiennes et d’hommes gays qui apportent leur soutien à des mineurs 30 ans auparavant ?» »

C’est le scénariste Stephen Beresford qui est à l’origine du film Pride. Il raconte dans le livre Pride: The Unlikely Story of the True Heroes of the Miner's Strike (Pride : l’histoire invraisemblable des vrai·es héro·ines de la grève des mineurs) que c’est l’homme avec lequel il était en couple qui lui avait parlé de la « légende de LGSM ». Sur le moment, il n’a pas cru à la réalité de cette aventure mais s’est dit « si cette histoire est vraie, je vais le savoir et j’écrirai dessus... ». Il s’est alors attelé à retrouver les membres fondateurices du groupe puis à rédiger un script. Il lui fallu ensuite plusieurs années pour trouver un partenaire financier acceptant de le soutenir.

Le film est arrivé dans les salles anglaises le 12 septembre 2014 (le 17 en France), après avoir gagné la Queer Palm au Festival de Cannes. Le film est nominé dans plusieurs festivals, et Stephen Beresford remporte aussi notamment, avec le producteur David Livingstone, le prix du « meilleur nouveau scénariste, réalisateur ou producteur britannique » des BAFA (British Academy Film Awards).

Stephen Beresford et David Livingstone ont fait appel au metteur en scène britannique Matthew Warchus pour réaliser le film. Celui-ci a vécu une grande partie de sa vie, et notamment son adolescence, près d’une des plus grandes mines de charbon d’Europe, dans le Yorkshire. Il explique que cette grève a été un moment très marquant pour lui, qui fait partie de ces événements clefs qui l’ont aidé à construire sa conscience politique [44].

Les membres originaux de LGSM saluent la proximité du film avec les faits historiques, même si certaines libertés ont été prises, notamment sur le nombre de militant·es voyageant à Dulais pour la première venue de LGSM, ou encore sur l’accueil qui leur a été réservé, beaucoup moins hostile en réalité que comme il est présenté dans le film.

« In fact when we arrived in the hall, after a kind of pin-drop moment, we got a round of applause. There was no question of anybody walking out. [45] » Ray Goodspeed, fondateur de LGSM.

« En réalité, quand nous sommes arrivé·es dans le hall, après un moment de silence absolu, nous avons reçu un tonnerre d’applaudissement. Il n’était question pour personne de partir. »

Des membres de LGSM et de la communauté minière de Dulais ont participé à l’élaboration du film, certain·es y apparaissant même comme figurant·es [46], ce qui explique aussi la justesse du propos, le scénariste ayant pris la peine de réellement se documenter sur le sujet.

Un des points positifs qui revient régulièrement est que le film ne cherche pas à justifier pas le bien fondé de la grève, il ne cherche pas à savoir si elle est légitime ou pas, il prend directement le parti qu’elle l’est, nous plaçant directement du côté des travailleurs.

La BO, elle, valse entre chants de travailleureuses comme Bread and Roses qui donne lieu à une magnifique scène, qui me fait toujours verser quelques larmes, et des musiques de la culture queer (Bronski Beat, Culture Club, Queen, etc.).

Cette histoire a donné lieu à d’autres œuvres, notamment la pièce Pits and Perverts, de Micheál Kerrigan, qui se place pendant la grève et raconte l’histoire de deux mineurs hébergés par un couple d’homosexuels, dont l’un a perdu un ami proche lors du Bloody Sunday. Les deux « clans » réalisent au fur et à mesure la proximité de leur vécu, entre propagande mensongère, violences policières et population hostile à leurs revendications. L’action prenant place autour de l’organisation du fameux bal Pits and Perverts.

Pits and Perverts de Micheál Kerrigan, mise en scène de Patricia Byrne. Extraits de la captation vidéo.

LGSM s’est étiolé quelques années après la fin de la grève, mais est re-né après la sortie du film, quand les membres originalaux se sont retrouvé·es. De plus, la nouvelle génération de militant·es s’est emparée de la légende pour l’inscrire dans de nouvelles actions, notamment en soutien aux dockeureuses en Norvège ou aux migrant·es. C’est là qu’on saisi l’importance de la mémoire pour créer un héritage, créée aussi bien par les preuves historiques que par les oeuvres d’art qui ont ramené LGSM sur le devant de la scène.

« LGSM Migrants group are carrying on in our tradition; and that, to me, is our legacy. » Martin Goodsell [47], membre de LGSM.  

« LGSM Migrant·es poursuivent notre tradition, et c’est, pour moi, notre héritage. »

Les membres fondateurices regrettent néanmoins la dépolitisation des combats queer, et notamment de la Pride. Suite à la sortie du film, iels ont été invité·es à défiler en tête de la Marche des fiertés de Londres, mais quand iels ont annoncé qu’iels ne le feraient qu’avec les mineurs, portant fièrement un message politique, l’organisation les a décommandé·es de la tête de cortège. Pourtant, si les avancées des droits LGBT+ sont réelles, il y a encore beaucoup à faire.

« Ironically, we’re now in a situation where we have a government which is worse than Thatcherism. It is naked, blatant, arrogant and cruel. And I think the film came out at a time when people were really frustrated and angry and didn’t know what to do. Pride showed that grassroot activism – forget the party apparatchiks and the media – can make a difference. » Mike Jackson [48]

« Ironiquement, nous sommes actuellement dans une situation où nous avons un gouvernement pire que le thatchérisme. C’est clair, flagrant, arrogant et cruel. Et je pense que le film est sorti à un moment où les gens étaient vraiment frustrés et en colère de ne pas savoir quoi faire. Pride a montré qu’un activisme de terrain – oubliez les apparatchiks des partis et les médias – peut faire la différence. »

Parler de mouvements militants comme celui de LGSM est pour moi une nécessité aujourd’hui, quand on a parfois tendance à oublier que les oppresseurs sont souvent commun·es à tou·tes, et qu’il est de notre devoir de ne pas seulement défendre ce qui nous concerne directement.

LGSM nous montre en tous cas qu’il n’est pas nécessaire d’être une énorme organisation pour mener à bien une œuvre solidaire, et qu’il suffit d’avoir des membres engagé·es et actifes pour mener un projet avec un impact non négligeable. Chacun·e peut donner du temps, de l’argent, des connaissances, des dons en nature, selon ses possibilités et capacités, et faire bouger les choses.

Je vous laisse sur l'Avant-Séance que Luna fait son cinéma a consacrée à Pride, et qui présente le film sans spoiler :

Glossaire

LAPC :
Lesbians Against Pit Closures (les Lesbiennes contre la fermeture des mines), groupe de soutien aux mineurs créé par des femmes lesbiennes qui ne se reconnaissaient plus dans LGSM.
LGSM :
Lesbian and Gay Support the Miners (les Lesbiennes et gays soutiennent les mineurs), organisation créée en 1984 par des militant·es homosexuel·les pour soutenir les mineurs en grève.
MI5 :
Military Intelligence, section 5, service de renseignements responsable de la sécurité intérieure au Royaume-Uni.
NCB :
National Coal Board, organisme d’État chargé de gérer l’industrie minière britannique entre 1946 et 1987.
NUM :
National Unions of Mineworkers, Syndicat national des mineurs de charbon au Royaume-Uni. Créé en 1945, il comportait environ 170 000 adhérent·es au moment de la grève de 1984-85.
WAPC :
Women Against Pit Closures (les Femmes contre la fermeture des mines), groupe de soutien aux mineurs et à leurs familles, créé lors de la grève de 1984 pour donner un vrai espace de parole et de réflexion aux femmes.

Notes de bas de page

[1] MATGAMNA S. (éditeur), Class Against Class, The Miners’ Strike 1984-5, 25 mars 2014.

[2] MILNE S., « Et Margaret Thatcher brisa les syndicats », L’Atlas Histoire, « Histoire critique du XXe siècle », Le Monde diplomatique, 2010, p. 90-91. Disponible en ligne.

[3] Plusieurs votes ont eu lieu les années précédentes, dont les résultats ont toujours été défavorables à la grève.

[4] SPENCE J. et STEPHENSON C., « «Side by Side With Our Men?» Women's Activism, Community, and Gender in the 1984–1985 British Miners’ Strike », International Labor and Working-Class History, Volume 75, Issue 1, 1er avril 2009.

[5] MATGAMNA S. (éditeur), Class Against Class, The Miners’ Strike 1984-5, 25 mars 2014.

[6] TATCHELL P., « Don’t Fall for the Myth that It’s 50 Years Since We Decriminalised Homosexuality », The Guardian, 23 mai 2017. Disponible en ligne (en anglais).

[7] Dans FROST P. « ’Pits and Perverts’: The Legacy of Communist Mark Ashton », MorningStar, 10 septembre 2014. Disponible en ligne (en anglais).

[8] Extrait de LGSM, Which Side Are You on? dans KELLIHER D., « Solidarity and Sexuality: Lesbians and Gays Support the Miners 1984–5 », History Workshop Journal, Volume 77, Issue 1, 1er avril 2014.

[9] WILSON C. « Dear Love of Comrades: The Politics of Lesbians and Gays Support the Miners », rs21, 21 septembre 2014. Disponible en ligne (en anglais).

[10] DOWARD J., « The Real-Life Triumphs of the Gay Communist Behind Hit Movie Pride », The Guardian, 21 septembre 2014. Disponible en ligne (en anglais).

[11] CLARKE C., « Meet the People Who Inspired ’Pride’ », Timeout, 12 septembre 2014. Disponible en ligne (an anglais).

[12] Ray Goodspeed dans WILSON C. « Dear Love of Comrades: The Politics of Lesbians and Gays Support the Miners », rs21, 21 septembre 2014. Disponible en ligne (en anglais).

[13] BRADLEY C., « A Political History », site web de LGSM, consulté le 3 août 2018. Disponible en ligne (en anglais).

[14] KELLIHER D., « Solidarity and Sexuality: Lesbians and Gays Support the Miners 1984–5 », History Workshop Journal, Volume 77, Issue 1, 1er avril 2014.

[15] KELLIHER D., « Solidarity and Sexuality: Lesbians and Gays Support the Miners 1984–5 », History Workshop Journal, Volume 77, Issue 1, 1er avril 2014.

[16] MATGAMNA S. (éditeur), Class Against Class, The Miners’ Strike 1984-5, 25 mars 2014.

[17] GREEN P. et MILNE S., « The Secret State and the Strike », conférence lors de l’évènement Still the Enemy Within, célébrant les 30 ans de la grève, 8 mars 2014. Visionnable en ligne (en anglais, sans sous-titres).

[18] HUNT T., « The Charge of the Heavy Brigade », The Guardian, 4 septembre 2006. Disponible en ligne (en anglais).

[19] CONN D,. « Miliband Calls for Inquiry into Police Actions During Orgreave Miners Clash », The Guardian, 5 septembre 2015. Disponible en ligne (en anglais).

[20] MILNE S., « Now We See What Was Really at Stake in the Miners' Strike », The Guardian, 12 mars 2014. Disponible en ligne (en anglais).

[21] GREEN P. et MILNE S., « The Secret State and the Strike », conférence lors de l’évènement Still the Enemy Within, célébrant les 30 ans de la grève, 8 mars 2014. Visionnable en ligne (en anglais, sans sous-titres).

[22] GREEN P. et MILNE S., « The Secret State and the Strike », conférence lors de l’évènement Still the Enemy Within, célébrant les 30 ans de la grève, 8 mars 2014. Visionnable en ligne (en anglais, sans sous-titres).

[23] SPENCE J. et STEPHENSON C., « «Side by Side With Our Men?» Women's Activism, Community, and Gender in the 1984–1985 British Miners’ Strike », International Labor and Working-Class History, Volume 75, Issue 1, 1er avril 2009.

[24] Citation extraite d’une interview de Lily Ross dans SPENCE J. et STEPHENSON C., « «Side by Side With Our Men?» Women's Activism, Community, and Gender in the 1984–1985 British Miners’ Strike », International Labor and Working-Class History, Volume 75, Issue 1, 1er avril 2009.

[25] MATGAMNA S. (éditeur), Class Against Class, The Miners’ Strike 1984-5, 25 mars 2014.

[26] Citation extraite d’une interview de Pat MacIntyre dans SPENCE J. et STEPHENSON C., « «Side by Side With Our Men?» Women's Activism, Community, and Gender in the 1984–1985 British Miners’ Strike », International Labor and Working-Class History, Volume 75, Issue 1, 1er avril 2009.

[27] Jessie, 1987 dans SHAW M. et MUNDY M., « Complexities of Class and Gender Relations: Recollections of Women Active in the 1984-5 Miner's Strike », Capital & Class 29, 1er octobre 2005.

[28] Dans SHAW M. et MUNDY M., « Complexities of Class and Gender Relations: Recollections of Women Active in the 1984-5 Miner's Strike », Capital & Class 29, 1er octobre 2005.

[29] SPENCE J. et STEPHENSON C., « Female Involvement in the Miners' Strike 1984-1985: Trajectories of Activism », Sociological Research Online, Volume 12, Issue 1, 31 janvier 2007. Disponible en ligne (en anglais).

[30] SHAW M. et MUNDY M., « Complexities of Class and Gender Relations: Recollections of Women Active in the 1984-5 Miner's Strike », Capital & Class 29, 1er octobre 2005.

[31] MATGAMNA S. (éditeur), Class Against Class, The Miners’ Strike 1984-5, 25 mars 2014.

[32] Citation extraite de SHAW M. et MUNDY M., « Complexities of Class and Gender Relations: Recollections of Women Active in the 1984-5 Miner's Strike », Capital & Class 29, 1er octobre 2005.

[33] SPENCE J. et STEPHENSON C., « Female Involvement in the Miners' Strike 1984-1985: Trajectories of Activism », Sociological Research Online, Volume 12, Issue 1, 31 janvier 2007. Disponible en ligne (en anglais).

[34] KELLIHER D., « Solidarity and Sexuality: Lesbians and Gays Support the Miners 1984–5 », History Workshop Journal, Volume 77, Issue 1, 1er avril 2014.

[35] C’était en tout cas l’avis de plusieurs femmes membres du SWP, Socialist Workers Party. KELLIHER D., « Solidarity and Sexuality: Lesbians and Gays Support the Miners 1984–5 », History Workshop Journal, Volume 77, Issue 1, 1er avril 2014.

[36] Ray Goodspeed dans WILSON C. « Dear Love of Comrades: The politics of Lesbians and Gays Support the Miners », rs21, 21 septembre 2014. Disponible en ligne (en anglais).

[37] Citation extraite d’une vidéo de LGSM dans REDBURN K., « Unite and Fight », Jacobin, 28 janvier 2015. Disponible en ligne (en anglais).

[38] DOWARD J., « The Real-Life Triumphs of the Gay Communist behind Hit Movie Pride », The Guardian, 21 septembre 2014. Disponible en ligne (en anglais).

[39] CREWS C., « 1984. ’Pits and Perverts’ Benefit Concert. », Gay in the 80’s, 27 mai 2013. Disponible en ligne (en anglais).

[40] KELLIHER D., « Solidarity and Sexuality: Lesbians and Gays Support the Miners 1984–5 », History Workshop Journal, Volume 77, Issue 1, 1er avril 2014.

[41] BRADLEY C., « A Political History », site Web de LGSM, consulté le 3 août 2018. Disponible en ligne (en anglais).

[42] BRADLEY C., « A Political History », site web de LGSM, consulté le 3 août 2018. Disponible en ligne (en anglais).

[43] TATE T. et LGSM, Pride: The Unlikely Story of the True Heroes of the Miner's Strike, John Blake Publishing, 10 août 2017.

[44] WARCHUS M., « Why I made a romcom about gay activists and striking miners », The Guardian, 21 mai 2014. Disponible en ligne (en anglais).

[45] WILSON C. « Dear Love of Comrades: The Politics of Lesbians and Gays Support the Miners », rs21, 21 septembre 2014. Disponible en ligne (en anglais).

[46] GOODSPEED R., « Pride – The True Story », LeftUnity, 3 octobre 2014. Disponible en ligne (en anglais).

[47] TATE T. et LGSM, Pride: The Unlikely Story of the True Heroes of the Miner's Strike, John Blake Publishing, 10 août 2017.

[48] TATE T. et LGSM, Pride: The Unlikely Story of the True Heroes of the Miner's Strike, John Blake Publishing, 10 août 2017.

Sources

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