
Désagréables au possible, incommodantes dans la vie de tous les jours, blessant le corps et le mental, les mycoses sont parfois tenaces. Heureusement, il existe des moyens de s’en débarrasser ! Tour d’horizon.
La mycose est le résultat peu agréable du développement d’un champignon, le Candida Albicans, au niveau des parties génitales, ce qui entraîne une inflammation. Habituellement présent de façon tout à fait inoffensive, notamment au niveau de nos intestins et de notre peau, il peut, pour diverses raisons provoquant une acidité du vagin, se multiplier et amener à une mycose. Il est fréquent d’évoquer les mycoses vaginales, mais il ne faut pas oublier que cette infection touche aussi les pénis, en particulier la zone du gland.
Sexuellement transmissible, la mycose génitale se caractérise par plusieurs symptômes.
Plusieurs facteurs peuvent donner un terrain favorable à la mycose. Si elle semble parfois arriver sans raison, il est en fait possible d’identifier plusieurs façons de l’éviter, ou tout au moins la limiter.
Une mycose vaginale reflète un dérèglement au niveau de la flore vaginale. Si celle-ci peut apparaître par manque d’hygiène, elle peut aussi être le résultat d’un nettoyage trop agressif de la zone.
Première chose, oubliez les douches vaginales ! Le vagin est autonettoyant, insérer de l’eau, ou même pire, du savon ou autres produits nettoyants, c’est à coup sûr entraîner des dérèglements ! Et pour la vulve, laver à l’eau suffit. Cependant, si vous n’êtes pas à l’aise avec cette idée, vous pouvez par exemple utiliser du savon d’Alep (idéalement à environ 40 % d’huile pour éviter une sécheresse).
À bannir :
S’essuyer correctement aux toilettes. Pour ne pas contaminer le vagin avec des bactéries intestinales et augmenter le risque d’infection, il faut essuyer de l’avant vers l’arrière au niveau rectal. Pour la vulve, évitez de l’essuyer trop agressivement : si vous êtes sensible, ne la frottez pas, tamponnez-la doucement. Vous pouvez également vous rincer à l’eau claire après la miction, lorsque c’est possible (c’est plus efficace et moins irritant), puis tamponner délicatement après pour essayer l’eau.
Pour le reste, il faut prendre garde à à la recontamination :
Quand on est souvent sujet·te aux mycoses, on finit par être obligé·e de modifier plusieurs choses dans notre vie de tous les jours.
Au niveau de l’habillement, privilégiez les sous-vêtements confortables et 100 % coton, de même au niveau des vêtements. Porter des habits trop serrés empêche les parties génitales de respirer, et les tissus synthétiques sont de véritables nids à mycoses. Les leggings ou les pantalons très moulants peuvent mettre par exemple l’équilibre de votre flore en danger. Si la jupe permet aux parties génitales de mieux respirer qu’un jean serré, le collant pose le même souci. Cependant, les leggings en coton, pas trop moulants, peuvent être une solution.
Évitez également de garder sur vous des vêtements humides, à la plage ou à la piscine. Attention au maillot de bain ou aux vêtements mouillés qui vont favoriser les mycoses : essayez d’avoir des vêtements de rechange secs à mettre dès la sortie de l’eau. De même après avoir transpiré, au sport par exemple. Pour dormir, être nu·e permet à la vulve de respirer. Cependant, si vous préférez porter un pyjama, choisissez-le large et en coton.
Les protections périodiques peuvent jouer un rôle dans l’apparition des mycoses. En effet, les serviettes jetables et les tampons peuvent être irritant·es, notamment à cause de leur composition. Certaines personnes portent des protège-slips de façon quotidienne par exemple, pour protéger les sous-vêtements des pertes vaginales (qui sont tout à fait normales, c’est la fonction autonettoyante du vagin). C’est vraiment à déconseiller si l’on peut s’en passer.
À chacun·e de choisir la protection périodique qui lui convient, bien évidemment. Cependant, chez certaines personnes, l’utilisation de tampons va accroître le risque de mycoses par exemple. La coupe menstruelle (parfois à stériliser plusieurs fois pendant le cycle lorsqu’on a une flore sensible aux mycoses), ou les serviettes hygiéniques lavables sont à privilégier quand c’est possible.
Dans tous les cas, il est nécessaire de changer ou de vider sa protection toutes les quatre heures maximum pour éviter la stagnation.
Concernant l’alimentation, manger trop acide ou trop sucré peut entraîner des dérèglements de la flore, tout comme une mauvaise hydratation. L’acidité va abîmer la flore, et le sucre est un « carburant » pour le Candida Albicans. Évitez autant que possible tous les sucres raffinés (ils se cachent partout).
Ne vous retenez pas d’aller aux toilettes si vous avez la possibilité d’y aller ! Retenir une envie d’uriner peut entraîner des mycoses, ainsi que des cystites, des calculs rénaux, voire des caillots sanguins.
Une des causes du dérèglement de la flore est la prise d’antibiotiques. Il existe parfois des traitements alternatifs à ceux-ci, n’hésitez pas à en parler à votre professionnel·le de santé, qui saura vous conseiller et adapter sa prescription au mieux. Vous pouvez également, sous le contrôle de votre médecin·e, prendre des probiotiques afin de conserver l’équilibre de votre flore.
Les changements hormonaux peuvent aussi être à l’origine d’un développement excessif de mycoses, notamment au niveau des contraceptifs ou d’une grossesse. Il est aussi possible de voir des mycoses se développer avec d’autres contraceptifs : le préservatif, dont nous parlerons un peu plus bas, ou le DIU au cuivre, qui reste un corps étranger susceptible de déséquilibrer la flore.
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Pour éviter les mycoses, vous pouvez lubrifier quotidiennement votre vulve afin d’éviter la sécheresse vaginale. L’huile de coco est notamment très utile dans le combat contre les mycoses. Vous pouvez en appliquer un peu matin et soir sur la vulve, notamment si vous sentez que vous êtes en période de « risque » (fatigue, alimentation non adaptée, vêtements serrés, chaleur estivale...).
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Si vous n’aimez pas l’huile de coco, ou que vous y êtes allergique, vous pouvez aussi utiliser de façon externe de l’huile d’amande douce ou de bourrache par exemple, ou d’autres lubrifiants adaptés (faites attention à leur composition).
L’humidité permet aux mycoses de se développer ; il faut prendre un soin tout particulier à bien se sécher une fois sorti·e de la douche. Puisque les muqueuses sont fragiles, il est possible de tamponner (et non de frotter fort) la zone avec une serviette parfaitement propre et sèche. Il faut prendre garde à commencer devant (lèvres) pour finir par s’essuyer derrière (et non l’inverse, pour ne pas se recontaminer).
Pour être sûr·e que la zone est bien sèche, il est possible de passer quelques instants, à une faible chaleur et à une bonne distance, le souffle du sèche-cheveux. Cela permet de s’assurer que les replis des lèvres et le sillon interfessier sont bien secs. Ne le faites pas à pleine puissance et à la chaleur maximum !
Si vous avez des rapports sexuels, la mycose génitale peut avoir des conséquences à ce niveau-là.
Souvent la question du sexe lorsque l’on a une mycose est posée : que faire ? Et bien, si la mycose ne va pas nécessairement se transmettre d’un·e partenaire sexuel·le à un·e autre, il est déconseillé d’avoir des rapports pendant le traitement, avec ou sans pénétration. Comme expliqué plus haut, la mycose est souvent plus difficile à détecter sur les pénis, attention à la contamination et recontamination entre partenaires.
Il peut arriver qu’une personne enchaîne les mycoses sans raison apparente et que celles-ci soient dues à une recontamination à cause du contact avec un pénis où la mycose ne serait pas visible. Si une mycose ne se transmet pas nécessairement, le risque est tout de même présent.
De plus, les rapports sexuels pendant les mycoses risquent de fragiliser encore plus la flore vaginale, qui est déjà en train de péniblement se battre contre les champignons.
En dehors des périodes de mycoses, les rapports sexuels ne sont évidemment pas à déconseiller, mais là encore, il est possible de prendre quelques précautions (en plus des précautions anti-MST et IST déjà nécessaires) :
Si vous développez une mycose, ou toute autre infection génitale, il est nécessaire d’aller voir un·e professionnel·le médical·e pour confirmer le diagnostic. Un·e gynécologue, un·e sage-femme, un·e médecin·e généraliste… allez voir une personne en qui vous avez confiance et qui saura vous recevoir rapidement.
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Cela est nécessaire pour poser le bon diagnostic, notamment pour des démangeaisons qui peuvent passer pour des mycoses mais qui n’en sont pas, comme les irritations locales sans mycoses ; les traitements antimycosiques feraient alors plus de dégâts qu’autre chose.
Le traitement habituel pour les mycoses vaginales se compose d’ovules à insérer dans le vagin (souvent plusieurs, parfois un seul, cela dépend des mycoses et des posologies) et d’une crème à appliquer sur la vulve.
Pour une mycose au niveau du pénis, une crème suffit souvent.
Ces traitements sont disponibles sans ordonnance en pharmacie. Cependant, il ne faut pas oublier que ce sont des soins qui restent tout de même agressifs pour la flore. Il est donc nécessaire d’être sûr·e du diagnostic pour ne pas l’agresser inutilement. De plus, certains ovules et certaines crèmes conviennent mieux à des personnes qu’à d’autres. Il est donc préférable de définir le traitement avec un·e personnel·le de santé.
Dans tous les cas, respectez bien le temps de traitement. Parfois, vous ne sentirez plus de démangeaisons ou d’irritations au bout de deux ou trois jours, cela ne veut pas dire que la mycose est complètement partie.
Évitez aussi d’utiliser les ovules et crèmes en traitement « préventif ». Il est possible d’avoir des mycoses de façon régulière, par exemple à la suite de voyages longs où l’on reste assis·e, mais utiliser un ovule en amont du possible développement de la mycose va fragiliser votre flore. Le traitement est à appliquer dès l’apparition des premiers symptômes, jamais avant.
Des solutions plus naturelles existent. Cependant, elles ne conviennent pas à tout le monde et ne vont parfois pas suffire pour certaines mycoses. Elles restent tout de même moins agressives et peuvent être utiles notamment aux personnes qui sont très sujettes aux mycoses, puisqu’elles attaquent moins la flore et donc la fragilisent moins.
Comme évoqué plus haut, l’huile de coco est une alliée. Elle est antifongique et antiseptique, tout en étant douce et en respectant votre flore. Vous pouvez donc l’utiliser comme une crème, sur la vulve ou sur le pénis, mais aussi en ovule vaginal. Vous pouvez appliquer l’huile de coco régulièrement au long de la journée.
Après votre traitement, une fois la mycose vaincue, votre flore vaginale peut se retrouver encore déséquilibré, affaiblie. Il existe aussi des traitements pour l’aider à se reconstruire et se rééquilibrer, qui sont à définir avec læ professionnel·le de santé qui assure votre suivi.
Nous rappelons que si vous avez régulièrement des mycoses, elles peuvent être causées par un autre problème de santé, il est donc important d’avoir un suivi régulier d’un·e professionnel·le de santé. Les sages-femmes peuvent notamment assurer le suivi.