
Retrouvons-nous aujourd’hui pour une quatrième édition de notre série « Netflix & Learn » ! Vous êtes toujours de plus en plus nombreuxes à nous proposer vos coups de cœur, et nous vous en remercions ! Nous vous partageons donc nos découvertes de ces derniers mois, à regarder sans modération !
TW : ce documentaire contient des descriptions et images des attentats du 13 novembre 2015, des bruits de coups de feu et d’explosions, des images de corps de personnes décédées, des images des assauts de la police, de la fuite et de meurtres de victimes du Bataclan.
CW : il contient également des expressions psychophobes et validistes.
« Fluctuat nec mergitur »
(« Il est battu par les flots, mais ne sombre pas ») est la devise de la ville de Paris. Cette phrase a été utilisée après les attentats qui ont marqué la France le 13 novembre 2015, pour montrer la résistance des esprits face aux attaques.
Dans ce documentaire, on découvre le déroulé, minute par minute, des évènements, au travers des témoignages de victimes rescapées, de témoins, de membres des forces de l’ordre, de sapeurs-pompiers et de personnalités politiques – une quarantaine de personnes en tout.
Les réalisateurs ont pris le parti de ne pas interroger les familles des victimes, décision qui peut être critiquée tant le deuil est aussi une partie importante de ce qui est arrivé, celles de centaines de personnes tentant de joindre, en vain, leurs ami·es ou les membres de leur famille ce soir-là, qui aurait pu faire l’objet d’une quatrième partie. En effet, le documentaire se divise en 3 épisodes, relatant d’abord les assauts au Stade de France et dans les restaurants et cafés ciblés, puis sur le Bataclan, salle de spectacle où était donnée ce soir-là un concert des Eagles of Death Metal.
Pour certain·es il est trop tôt pour sortir un documentaire à ce sujet, pour d’autres, le sujet n’aurait pas dû faire l’objet d’un film pareil et accusent les réalisateurs de s’être engagés sur la voie du sensationnalisme et de profiter de morts humaines pour gagner de l’argent.
Sans me mettre à la place des victimes et de leurs proches, divisé·es par cette production, j’ai trouvé le documentaire très humain, et, dans sa réalisation, c’est réellement la parole des victimes rescapées qui est mise en avant. Tout est raconté sous leur angle, on ne se focalise absolument pas sur les terroristes en essayant de les humaniser comme il est parfois fait, en les contextualisant.
Le témoignage ne verse pas trop dans le trash, même s’il est important de noter qu’il peut être très difficile à regarder. Les descriptions des faits, les témoignages et les ressentis peuvent être vraiment choquant·es si l’on n’est pas préparé·es. Ce sont des témoignages d’horreur et de violence absolue, il ne faut pas l’oublier.
Mais au-delà de l'horreur, on y découvre aussi de superbes élans de solidarité et d'héroïsme, entre ami·es, amant·es mais aussi simples inconnu·es qui envoient par exemple les secours s’occuper d’autres personnes, mettant en retrait l’urgence de leur propre situation.
Le sujet de « l’après » est aussi abordé. Comment vivre après une telle tragédie ? Surtout quand d’autres qui étaient auprès de nous n’ont pas survécu ? Iels sont plusieurs à faire remarquer l’importance des cellules psychologiques mises en place par la suite, leur apportant un peu de chaleur humaine et leur expliquant ce qu’est un syndrome de stress post-traumatique.
Je pense que, pour les personnes se sentant capable de l’encaisser, c’est un documentaire à voir. Mais je pense aussi que ça ne devrait pas être le seul que l’on devrait voir. On parle souvent de ces attentats comme des moments d’horreur absolue inimaginables, en oubliant bien souvent que des assauts pareils sont bien plus réguliers dans d’autres pays, même s’ils sont souvent passés sous silence par la presse, et dont la nécessité documentaire se fait moins pressante que pour les attentats dans les pays occidentaux.
Attention, description graphique de viol et de violences sexuelles
Mise à jour du 07/10/2018 : Après réception de commentaires concernant cette critique, je tiens à clarifier un certain nombre de points. Le but de cette critique est de dénoncer l’instrumentalisation des violences sexistes par ces documentaires dans le but de diaboliser la pornographie et, par extension, le sexe en général. Je soutiens et crois les victimes de ces violences, qui sont inadmissibles et doivent cesser. Je pense néanmoins qu’il est possible de produire des contenus pornographiques sans violence et de qualité, comme le démontre le travail de Carmina, ou encore le festival SNAP qui se tiendra bientôt à Paris.
After Porn Ends est un documentaire sur la vie d’ex-acteurices de films pornographiques. Il n’y a pas de voix off ni d’explication : les protagonistes parlent de leur expérience en continu pendant tout le documentaire. Beaucoup de sujets sont abordés en même temps, ce qui donne un résultat un peu brouillon et propice aux amalgames. Des hommes et des femmes sont interrogé·es mais iels sont tou·tes cisgenres et hétérosexuel·les. Une seule femme racisée est mise en avant et tou·tes ont plus de 50 ans. Le format et la façon dont le sujet est traité m’ont agacée. On n’a aucun élément de contexte et l’impression générale qui en ressort est que les actrices ont toutes été forcées, droguées et manipulées. Leurs illusions ont été déçues, et elles sont maintenant femmes au foyer sans le sou. Cette impression est accentuée par le fort contraste que sont les hommes du documentaire. Aucun n’a de regret, aucun n’a subi d'ostracisation à cause de son métier et tous gardent un bon souvenir des tournages. Quelques images d’archives sont montrées (sans scène de sexe explicite) et offrent néanmoins une représentation correcte de la pornographie avant que l’émergence massive d’Internet ne vienne tout chambouler.
Attention, ce documentaire contient des images d’animaux morts, mourants ou malades.
Les déchets en plastique sont un désastre écologique, ce n’est pas nouveau ; on parle même d’un « continent de plastique » situé au nord de l’océan Pacifique. A Plastic Ocean fait état de cette situation alarmante non seulement dans le Pacifique, mais aussi dans toutes les eaux du monde entier. Les images, souvent très dures, parlent d’elles-mêmes, et après visionnage, on se sent coupable de posséder des pots de yaourts dans son réfrigérateur, une bouteille d’eau en plastique dans son sac ou un briquet jetable dans sa poche. Bien que l’on connaisse les conséquences plus qu’inquiétantes, ce documentaire nous fait réaliser à quel point cela va loin ; j’ai personnellement été vraiment remuée, et je conseille d’avoir le cœur bien accroché lors du visionnage. Le bon point de ce documentaire est qu’il fait la part belle aux femmes scientifiques : ce ne sont pas uniquement des hommes qui sont montrés à l’image et ça change un peu.
TW : ce documentaire contient des mentions, descriptions et images de meurtre et mention et description de viol, le documentaire parle de faits très violents.
(VF)
En 2007, Amanda Knox et son petit ami de l’époque, Raffaele Sollecito, sont condamné·es pour le meurtre de Meredith Kercher à Pérouse en Italie. Iels se voient en tout condamné·es puis acquitté·es deux fois pour ce crime. La procédure judiciaire dure 8 ans, et on finit par se rendre compte que la police n’a en réalité pas de preuve concrète à charge. Mais encore aujourd’hui, beaucoup restent convaincu·es de la culpabilité d’Amanda Knox.
Ce documentaire donne la parole aux deux accusé·es, ainsi qu’à Giuliano Mignini, le procureur en charge de l’affaire, et Nick Pisa, journaliste pour un tabloïd à l’époque des faits. Les témoignages sont entrecoupés d’images d’archives.
Si l’on visionne ce documentaire en cherchant des réponses quant à l’innocence ou la culpabilité des personnes sus-citées, la déception nous attend. Le film a en effet pour objectif de présenter les faits et de donner la voix aux principalaux concerné·es et à celleux qui étaient aux premières loges, même si par exemple on ne retrouve pas de témoignages de la famille de la victime.
Le principal parti pris, selon moi, est d’aller à contre-courant de la presse au moment de l’enquête, qui a transformé Amanda Knox en un personnage infâme et vicieux, allant possiblement jusqu’à influencer non seulement l’opinion publique, mais aussi l’issue du procès. L’affaire a d’ailleurs été nommé par la presse comme celle d’Amanda Knox, occultant presque la victime et les autres accusés.
Au-delà des accusations en elles-mêmes, relayées et souvent transformées à outrance, certains titres de presse présentés vont au-delà de la simple exagération pour s’enterrer dans des affabulations complètement hors de la réalité des faits. Le crime devient un divertissement pour l’opinion publique.
Un des traitements de l’affaire qui m’a énormément choquée a été celui de la sexualité d’Amanda, retenue contre elle par les policiers en charge de l'enquête. Apparemment avoir des rapports sexuels quand on est une femme prouve que l’on peut tuer un être humain de sang-froid.
Je n’en dirai pas plus sur le contenu et les rebondissements de l’histoire, mais je trouve le parallèle entre les faits racontés – en toute vérité ou non, on ne saura jamais –, les éléments concrets de l’enquête et le traitement de l’affaire à l’époque, autant par les forces de l’ordre que les médias, très intéressants, même si on se retrouve dans une situation gênante de voyeurisme.
TW : ce documentaire fait mention de suicide, de mort, d’alcool, de violence et de viol (description graphique).
CW : catastrophes naturelles.
Dark Tourist est plutôt bien sur le propos, mais peut beaucoup mieux faire sur la forme. Si vous aimez le macabre et l’étrange, cette série est pour vous ! Chaque épisode emmène læ spectateurice découvrir les aspects hors du commun de chaque pays. Il y a cependant des épisodes mieux traités que d’autres.
Celui sur le Japon montre la tristement célèbre forêt d’Aokigahara sous l’angle du tabou de la santé mentale. Sans être voyeuriste (contrairement à Logan Paul, YouTubeur américain qui avait filmé un vlog dans lequel il montrait une personne pendue, vidéo qui a énormément choqué, à raison), la forêt est montrée pour ce qu’elle est réellement. Mais j’ai trouvé que d’autres épisodes se moquent des croyances des autres pays, voire sombrent dans le glauque le plus total. Certes, c’est le but de cette série, mais se mettre dans la peau de migrant·es mexicain·es était-il vraiment nécessaire ?
Un concept donc intéressant, mais tous les épisodes ne se valent pas. Le propos plutôt sympathique dans les pays occidentaux vire au néo-colonialisme le plus crasse dans d’autres.
Attention, ce documentaire contient des images de sang, de cicatrices, de morts d’animaux, ainsi que d’un homme à différents stades d’un cancer rare.
Réalisé par Michael Sewierski, un homme qui a décidé de se nourrir principalement à base de produits d’origine végétale et non transformés, Food Choices dénonce les mythes autour des soit-disant bienfaits des produits animaliers et des dégâts qui seraient provoqués par un régime alimentaire plant-based (végétalien). Ce documentaire fait intervenir plusieurs professionnel·les de santé, notamment des médecins spécialisé·es en nutrition. On sait que notre mode de vie occidental n’est pas viable sur le long terme et que nous consommons plus que ce que la planète peut fournir. Mais on nous répète depuis l’enfance que la viande permet de construire sa masse musculaire, que les laitages permettent une bonne croissance… Qu’en est-il vraiment ? Ce documentaire ne condamne pas purement la consommation de produits animaux, il a surtout vocation à informer. Il défend certes le régime à base de plantes suivi par son auteur, mais les propos sont tous sourcés et explicités. Seuls gros points négatifs selon moi : le sempiternel parallèle Shoah / abattage des animaux que je trouve extrèmement indécent, et le discours grossophobes de certain·es intervenant·es
TW/CW : ce documentaire contient des mentions et descriptions de viol et d’agression sexuelle, de violences conjugales, et de violences.
(VO)
Mise à jour du 07/10/2018 : Après réception de commentaires concernant cette critique, je tiens à clarifier un certain nombre de points. Le but de cette critique est de dénoncer l’instrumentalisation des violences sexistes par ces documentaires dans le but de diaboliser la pornographie et, par extension, le sexe en général. Je soutiens et crois les victimes de ces violences, qui sont inadmissibles et doivent cesser. Je pense néanmoins qu’il est possible de produire des contenus pornographiques sans violence et de qualité, comme le démontre le travail de Carmina, ou encore le festival SNAP qui se tiendra bientôt à Paris.
Hot Girls Wanted est à l’origine un seul documentaire, au propos plus que discutable. Sous couvert d’ouverture d’esprit, on suit des jeunes femmes blanches et minces qui débutent dans la vilaine industrie pornographique, grisées par la libération sexuelle. Sans surprise vu le ton du documentaire, elles finissent toutes par arrêter, complètement traumatisées par une liste sans fin d’abus.
C’est donc avec beaucoup d'appréhension que j’ai regardé la suite, Hot Girls Wanted – Turned on. Cette fois-ci décliné en une série de six documentaires, le propos ne se focalise plus uniquement sur les actrices de films pornographiques. En seulement six épisodes, ces documentaires nous font voir le meilleur comme le pire du traitement médiatique de l’industrie du sexe.
Le premier épisode montre des femmes réalisatrices de contenus pornographiques et érotiques. Les femmes au cœur de cet épisode sont très professionnelles, et veulent redonner ses lettres de noblesse à l’érotisme. Elles veulent sortir de la logique de production industrielle de contenus pornographiques et se battent pour mettre en avant leurs propres contenus.
À partir de là, tout part en vrille. Les autres épisodes apportent des points de vue intéressants, comme celui d’un acteur de films pornographiques qui évoque la pression de l’industrie. Mais ils mélangent également beaucoup d’autres choses, pour arriver à un gigantesque amalgame dont la morale est : le sexe, c’est mal. Le dernier épisode évoque clairement un viol en réunion en l’assimilant à un contenu pornographique comme un autre.
En résumé, si Hot Girls Wanted – Turned on nous fait découvrir des parcours individuels très intéressants, la morale ne change pas par rapport au premier opus. Les femmes qui réalisent leurs contenus ont du mal parce qu’elles manquent de financement. Le porno mainstream ne montrerait que des viols. Les performeurs subiraient les mêmes pressions que leurs collègues féminines. Ces témoignages pourtant très riches sont déformés pour dissuader les gens et diaboliser le sexe. De plus, on ne parle presque toujours que de sexe hétéronormé entre personnes cisgenres. À quand un documentaire sur une autre vision du travail du sexe ?
Ce documentaire nous emmène dans la vie d’Iris Apfel, icône de la mode qui se surnomme « la starlette gériatrique ». Connue pour son œil infaillible (et ses superbes lunettes), Iris sait combiner les vêtements et accessoiriser les tenues comme personne, dans un style coloré et extravagant, qui a fait d’elle une célébrité parmi les afficionad@s de la mode. Elle a passé toute sa vie à dénicher chaque objet ou vêtement, autant dans les collections de haute couture, que dans les boutiques artisanales ou les magasins de bijoux et accessoires à bas prix. Cependant, comme beaucoup de personnes de ce milieu, elle utilise des tenues et accessoires provenant d’autres cultures – comme une tunique cérémoniale de chamane par exemple – qu’elle accessoirise comme n’importe quel vêtement. On peut voir dans ce documentaire plusieurs exemples d’appropriation culturelle flagrants, que nous ne pouvons cautionner. J’ai trouvé le documentaire intéressant sur le fond mais trop long pour son propos, on se perd et s’ennuie souvent au visionnage. Peut-être que mon ressenti vient du fait que je ne suis pas une passionnée de la mode, et donc très inculte sur le sujet, et que je n’ai du coup pas trouvé ce que je pouvais attendre d’un tel film.
TW : ce documentaire comporte des mentions de braquages, de meurtres, mort d’un homme avec un collier explosif, ainsi que de drogue, d’overdose. Attention, il contient également des images d’archives choquantes, montrant en direct la mort de l’homme au collier explosif.
(VO)
Cette série documentaire en 4 épisodes raconte les faits survenus en 2003 dans la ville d’Erie aux États-Unis. Brian Wells, un livreur de pizza, braque une banque avec une bombe attachée autour de son cou. Selon ses dires, des inconnu·es lui auraient installé de force la bombe avant de lui transmettre des instructions à suivre… et si celles-ci ne sont pas réalisées à temps, il mourra. Les policiers refusent réellement d’y croire, et les démineurs arrivent trop tard et, comme annoncé, la bombe explose.
Quelques jours plus tard, un de ses collègues est retrouvé sans vie, mort d’une overdose. Puis, la police reçoit un appel étonnant : un homme affirme posséder un corps dans son congélateur, qu’il aurait placé là à la demande de sa compagne après que celle-ci ait commis un meurtre. La femme en question a déjà été soupçonnée dans des affaires criminelles puis acquittée, elle s’appelle Marjorie Diehl-Armstrong.
De là part toute une enquête, sans savoir au début si ces crimes sont vraiment liés, et avec une question essentielle : le livreur de pizza est-il innocent ? Ou a-t-il participé de son plein gré à un plan dont il n’avait pas anticipé la conclusion macabre ?
La série est construite en 2 parties de 2 épisodes chacune. Dans la première, on retrouve la narration des faits et des enquêtes de l’époque, plutôt classique dans ce type de documentaire. Mais c’est la seconde qui est la plus passionnante. Celle-ci est centrée sur la relation entre un journaliste, Trey Borzillieri, et Marjorie Diehl-Armstrong. Celui-ci s’est intéressé à l’affaire et a décidé d’enquêter de son côté, l’amenant à développer une relation épistolaire avec la prisonnière, pendant quinze ans. Car si elle a été condamnée pour le meurtre de la personne retrouvée congelée, l’énigme du livreur de pizza et de qui a réellement mené le braquage en réalité, reste encore à élucider.
Le documentaire n’apporte pas de réponse ou de preuve concrète, mais son réalisateur tend à nous amener très clairement vers les conclusions qui sont les siennes, à savoir la pleine culpabilité de Marjorie Diehl-Armstrong et l’innocence de Brian Wells.
Attention, ce documentaire contient des mentions de mort et de cadavre (il y a une scène très dure à ce sujet de 0h42mn à environ 0h44mn), des images d’euthanasie animale, des mentions de consommation de drogues et d’alcool, et des descriptions de violences policières subies. Il comporte également des images de nudité.
note : bande-annonce en espagnol non sous-titré
Trailer "Bellas de Noche" (dir. Maria José Cuevas) from AMBULANTE on Vimeo.
María Jose Cuevas suit cinq femmes, reines des cabarets mexicains dans les années 1980. Sous les paillettes, on rencontre des femmes fortes et indépendantes, qui racontent leurs parcours de vie. On découvre que parfois, derrière la joie et l’assurance, existent des douleurs immenses ; deuil, dépression, addiction, maladie, prison, violences, ces femmes ont un vécu souvent loin de l’image qu’elles peuvent donner à leur public. Ce sont des témoignages très émouvants, en pleine réflexion sur leur rapport à la célébrité, à leur corps, leur famille, la religion, au public et à l’amour. On y parle aussi de la difficulté de vieillir dans un monde qui vous préfère jeune, et de tout le travail qu’elles font sur leur corps pour maintenir une apparence aussi jeune que possible (sport à outrance, chirurgie esthétique). Ces femmes ont combattu pour être libres, et pour montrer que le corps dénudé n’est pas un tabou. Ce documentaire est très prenant, je pense cependant qu’il aurait été intéressant d’avoir plus d’éléments de contexte. Leurs carrières sont un peu explicitées mais on ne sait jamais vraiment si elles exercent toujours ; pour certaines cela a l’air d’être le cas mais on ne sait pas vraiment dans quelles proportions, si elles sont toujours des figures médiatiques importantes notamment, ce qui empêche, à mon avis, de se saisir pleinement de la réflexion amenée.
Vous avez peut-être déjà aperçu leurs m&aecute;scaras ? Ce documentaire vous emporte dans le quotidien des luchadores, stars mexicaines de lucha libre. Rendez-vous sur le ring pour voir s’affronter des légendes telles que Shocker, Blue Demon Jr., El Último Guerrero ou encore Faby Apache. Mais ce que nous propose ce documentaire, en plus d’images de ces combats incroyables, c’est de découvrir les coulisses de ce monde idolâtré, d’aller derrière le masque de ceux qui ne le quittent jamais. Blessures, solitude, difficultés à entretenir des relations, alcoolisme … la vie de ces luchadores est parfois bien loin de celle qu’on imagine tellement leur image est bien construite. En tout, ce sont 13 d’entre eux qui ouvrent leur vie aux deux réalisateurs, Alex Hammond et Ian Markiewicz, pendant quatre ans.
On les suit dans leur routine : entraînements, matchs, voyages, etc. mais aussi dans les moments plus sombres, quand l’un se blesse et ne peut plus monter sur le ring pendant plusieurs mois, où quand la mort vient frapper deux de ceux qui ont participé au film, l’un par accident sur le ring, l’autre après le déshonneur d’avoir perdu son masque en combat. Les morts d’El Hijo del Perro Aguayo et de Fabi&aecute;n el Gitano mettent toute la profession en deuil.
La lucha libre est un spectacle, mais elle est aussi le lieu de spectaculaires combats et prouesses physiques de lutteureuses qui repoussent leurs limites. Dans ce reportage, on (re)découvre les affrontements entre les rudos (méchant·es sur le ring) et les técnicos (les gentil·les), la lucha libre extrema bien plus violente que la traditionnelle, la place du masque dans la lutte... Les réalisateurs s’intéressent aussi à l’importance de la filiation, puisque beaucoup de lutteureuses poursuivent la tradition de leurs parents, souvent en reprenant le même nom de scène, comme Blue Demon Jr. El Hijo del Perro Aguayo par exemple.
Et si la lucha libre reste un monde très masculin, ce documentaire n’oublie pas les lutteuses, en présentant les témoignages de Faby Apache et de Sexy Star, nemesis sur le ring. On espère un documentaire plus poussé sur cette partie de la discipline et ses légendes.
Attention, ce documentaire est très dur à regarder. Il contient de nombreuses mentions de transphobie, d’homophobie, d’alcool, de suicide et de mort.
Marsha P. Johnson est une figure incontournable des émeutes de Stonewall, et plus généralement des mouvements LGBT+ aux États-Unis de la fin des années 1960 à 1992, quand elle a été retrouvée noyée dans l’Hudson River. Dans ce documentaire, on suit la militante Victoria Cruz qui enquête sur sa mort (qui a été très rapidement classée en tant que suicide par la police). On découvre aussi l’influence que Marsha P. Johnson a eu sur de nombreuxes militant·es, dont Sylvia Rivera, avec qui elle a travaillé pendant des années. C’est dense, peut-être trop, et on survole beaucoup de sujets sans avoir le temps de vraiment en parler, et au final, du « life and death » (vie et mort) promis par le titre original du documentaire, on a surtout la mort. Frustrant.
Attention, ce documentaire contient des images réelles d’opération chirurgicale, ainsi que des mentions de sexisme, grossophobie et de mort.
Ce documentaire revient sur l’histoire des concours de beauté au Venezuela, et sur leur importance dans le pays. On suit trois jeunes femmes (deux ont à peine 17 ans), qui souhaitent candidater à Miss Venezuela. Sport à outrance, régime restrictif, chirurgie esthétique imposée pour répondre aux exigences de beauté anglo-saxonnes et d’Osmel Sousa, président de l’organisation Miss Venezuela : voilà ce qui attend les prétendantes au titre. Une grande partie de la vie des femmes vénézuéliennes semble tourner autour de la beauté : le Venezuela est le premier consommateur de produits de beauté par habitant·e, et c’est en moyenne un cinquième des revenus des femmes du pays qui passe dans l’univers du cosmétique. Les candidates suivies nous expliquent que pour beaucoup, ces concours de beauté sont une façon de se faire remarquer, un tremplin vers des carrières dans le mannequinat, la télévision… Le documentaire contient également des interviews de professeures d’université qui s’inquiètent de ce phénomène. Elles dénoncent un effet pervers du capitalisme qui réduit l’identité de la femme vénézuélienne aux concours de miss, et une globalisation des standards anglo-saxons. De plus, les jeunes femmes qui candidatent à ces concours se voient souvent obligées de renoncer aux études supérieures faute de temps ou de moyens ; les produits de beauté, les tenues et les frais d’inscriptions représentant des dépenses importantes.
Attention, ce documentaire contient des images très difficiles de mort (animale et humaine), de violence et de tortures. Il contient également des mentions de sévices, de sexisme, de racisme.
Tyke était une éléphante capturée au Mozambique à un très jeune âge, puis envoyée aux États-Unis afin d’être entraînée pour des numéros de cirque. En 1994, lors d’une représentation à Honolulu (Hawaii), Tyke s’en prend violemment à ses dresseurs avant de s’enfuir de la piste de cirque ; après avoir couru dans les rues de la ville, elle est abattue par la police. Le cas de Tyke a servi de point de départ à de nombreuses manifestations qui ont conduit à l’interdiction de l’utilisation d’animaux sauvages dans les cirques, non seulement à Honolulu mais également dans de nombreux pays. Ce documentaire, très éprouvant à regarder, raconte l’histoire de Tyke en s’appuyant exclusivement sur des images d’archives et des témoignages de personnes impliquées dans l’affaire à l’époque. Il est conçu de façon à ce que læ spectateurice se fasse sa propre opinion : pour ou contre l’utilisation d’animaux sauvages à des fins récréatives ? L’histoire de Tyke est non sans rappeler celle de l’orque Tilikum, au sujet de laquelle le documentaire Blackfish avait été réalisé (nous vous en parlions dans une précédente édition de Netflix & Learn). Une note positive par rapport à Tyke Outlaw Elephant toutefois : il existe aux États-Unis des sanctuaires, dont PAWS (Performing Animal Welfare Society), qui permettent aux éléphant·es issu·es de cirques, et qui ne peuvent donc pas retourner à l’état sauvage, de terminer leur vie paisiblement. Et si vous voulez prendre des nouvelles des autres éléphant·es aperçu·es dans le documentaire, cet article en anglais est rempli de photos et de vidéos qui font chaud au cœur !
Nous espérons que cette édition vous plaît ! Nous attendons toujours vos retours et vos recommandations avec grande impatience. À très vite pour une prochaine sélection !