
J'ai décidé de faire une petite liste des idées reçues que j’entends le plus souvent sur la prostitution. C'est parti.
1. Le plus dur, c’est le sexe
Parfois, oui. Souvent, non. ChacunE d’entre nous vit ce métier différemment mais bien souvent, le plus dur n’est pas le sexe en lui-même, mais la putophobie ambiante qui se répercute dans tous les domaines de nos vies.
La putophobie, c’est la peur ou l’aversion des travailleurSEs du sexe et l’ensemble des clichés et préjugés sur les TDS (l’abréviation TDS = TravailleurSE Du Sexe).
Elle a des conséquences sur à peu près tout, allant de nos vies privées et vies sentimentales (nous sommes souvent amenéEs soit à mentir à nos conjointEs et amiEs, soit à faire face à tout un tas de difficultés) à notre accueil en milieu médical (où les médecins semblent penser que tous les problèmes de toute ta vie sont forcément liés à ton métier) en passant, bien sûr, par nos conditions de travail.
Comme le travail du sexe est très mal accepté par une société hypocrite qui nous considère soit comme des victimes à sauver, soit comme des salopes devant « assumer » les conséquences de nos actes, beaucoup d’entre nous vivent dans le secret, ce qui entraîne pas mal de complications. Devoir mentir à tout le monde y compris à son entourage proche, et du coup, avoir très peu de moyens de réagir en cas d’abus de la part des clients, ou d’exploitation dans les agences et salons (car comment porter plainte ou s’organiser en syndicat lorsqu’on doit garder son métier secret ?)
Celleux d’entre nous qui travaillent dans la rue se font souvent insulter ou regarder comme des bêtes curieuses par les passants (et harceler par la police). Et puis vu que voir des prostituéEs dans les rues, ça fait désordre, certainEs d’entre nous se font chasser des villes et se retrouvent à devoir bosser la nuit dans un bois, dans des conditions où, comme le dit Virginie Despentes, « même vendre du pain serait un métier à risque ».
Dans la plupart des pays, rien n’est mis en place pour améliorer nos conditions de travail et notre sécurité. La pénalisation du client n’aide personne, au cas où, et cette loi a des conséquences désastreuses sur notre santé.
Cette loi, censée lutter contre le proxénétisme, empêche les TDS de louer un appartement légalement ou même de s’entraider (puisque cela est considéré comme du proxénétisme et donc interdit), ainsi que de travailler en agence ou en salon. Cette loi oblige donc les TDS à bosser seulEs, avec tous les risques que comportent le fait d’exercer ce métier dans le secret et en solitaire (personne ne sait où tu es ni avec qui, tu ne peux pas être sûrE que le client sera réglo, personne ne veille à ta sécurité, etc).
Si le discours ambiant veut nous faire croire que les clients sont les seuls responsables des violences faites aux prostituéEs, il a tendance à oublier les ravages provoqués par les violences d’État et ses lois qui servent surtout à se donner bonne conscience, mais sont au mieux inutiles, au pire nuisible pour les TDS.
ToutE le monde focalise sur le sexe, olala ça doit être si difficile de se taper des mecs qui te plaisent pas (je soupçonne un côté voyeuriste là-dedans). Alors que, si le plus dur est parfois le sexe en lui-même, souvent, c’est plutôt tout ce qui entoure le travail du sexe : le secret, la honte, la stigmatisation, le rejet, les lois inadaptées à notre réalité.