6 mars 2019

Queer et surnaturel : bienvenue à Night Vale !

Queer et surnaturel : bienvenue à Night Vale !

En reprenant les codes de l’horreur lovecraftienne et en s’amusant avec, le podcast comique et horrifique Welcome to Night Vale nous propose de jeter un regard critique et amusé sur notre réalité. En décrivant le quotidien de la ville isolée de Night Vale, là où tout est surnaturel et où tout est queer, le podcast est une déclaration d’amour à la différence et à la diversité des identités.

L’imaginaire lovecraftien fait, désormais, partie intégrante de la pop culture, et plus précisément tout ce qui se rapproche du Grand Ancien Cthulhu et de son mythe. Cependant, il ne faut pas oublier que le créateur derrière le Grand Ancien avait une pensée absolument nauséabonde. Ses nouvelles sont en effet remplies à ras bord de racisme, de xénophobie, de négrophobie, d’antisémitisme (les personnes racisées étant souvent les adorateurices de dieux maléfiques) et également de psychophobie et de classisme. Tout ceci étant bien souvent largement oublié lorsqu’il est fait référence aux écrits de Lovecraft. En général, l’hommage se concentre plutôt sur l’esthétique de l’horreur cosmique ou sur des personnages ou des créatures emblématiques. Par exemple, dans le jeu de rôle adapté directement du mythe, L’Appel de Cthulhu, il est clairement indiqué que le racisme et le sexisme n’existent pas dans ce monde-là, pour ne pas restreindre les joueureuses. Ce qui est – bien sûr – une très bonne chose.

Prendre en compte les biais de l’auteur peut cependant permettre d’avoir une autre lecture de ses travaux.

Si les héros (correspondant toujours à la vision de Lovecraft) de ses nouvelles perdent la raison au contact des créatures du Mythe, ce n’est pas tant parce qu’elles sont terribles, ou si mauvaises (il existe certaines entités bienveillantes), mais surtout parce qu’étant extraterrestres, elles sont fondamentalement inacceptables et incompréhensibles pour l’esprit humain : c’est parce qu’elles sont étrangères à notre conception de la réalité, et parce qu’elles amènent les personnages à se rendre compte que cette réalité est. En d’autres termes, l’Autre est incompréhensible et monstrueux du fait même de sa différence – par rapport à l’idéal que constitue pour Lovecraft le colon européen.

Il est donc probable que l’auteur n’aimait pas spécialement ses créatures ; et même si l’aspect consumériste associé à la culture geek peut expliquer la diffusion de goodies, et la démocratisation de son univers, j’ai pu constater dans ce milieu un véritable amour pour les bestioles à tentacules… à l'opposé de ce qu’aurait pu vouloir Lovecraft.

Une réappropriation queer du mythe de Cthulhu semble donc possible, le meilleur exemple que j’aie pu trouver étant l’instance Eldricht Café du réseau social Mastodon. Il s’agit d’« une instance se voulant accueillante pour les personnes queers, féministes et anarchistes ainsi que pour leurs sympathisant·es » (si le terme eldricht existe indépendamment de Lovecraft, et signifie « surnaturel, mystérieux », il a été largement popularisé par lui). De ce point de vue, aimer ces créatures revient à dire : « L’Autre, parce qu’iel est différent, mérite d’être aimé·e. » Ce qui est très exactement le point de vue présenté dans le podcast Welcome to Night Vale.

Ce podcast fictionnel se présente comme une émission de la radio locale de la ville de Night Vale, située quelque part dans le sud-ouest des États-Unis d’Amérique. Le narrateur, Cecil Palmer, y parle de l’actualité de la communauté (nouvelles locales, météo, trafic routier, émissions diverses). Les épisodes sont organisés sans ligne narrative stricte et lorsqu’il y a une continuité entre certains épisodes, elle n’en dépasse jamais trois. Un bon exemple de cela est l’arc narratif des Anges (qui est, je pense, l’un des plus importants pour interpréter la série), qui commence à l’épisode 1 pour vraiment se conclure à l’épisode 109. Il existe une continuité plus globale, qui correspond à ce que l’on pourrait trouver concernant des évènements dans une petite communauté : tout tourne autour des mêmes personnages, dont certain·es comportements et activités seront rapporté·es.

Comme il s’agit d’une petite communauté perdue dans le désert, un sentiment de familiarité s’installe : on a l’impression de la connaître comme si ses membres étaient effectivement nos voisin·es. Rapidement, au fur et à mesure des épisodes, écouter Welcome to Night Vale revient à rentrer chez soi. Tou·tes les habitant·es sont uniques – et l'excellent jeu de Cecil Baldwin, qui incarne le narrateur, y est pour beaucoup – et sont tou·tes, chacun·e à leur manière, attachant·es.

Attention cependant : Welcome to Night Vale reste un podcast horrifique, certains épisodes peuvent donc être assez durs à écouter. Le podcast est assez explicite et est profondément surréaliste. Le narrateur part souvent dans des réflexions sur l’existence qui peuvent être trigger – même si le podcast semble plus fournir de réconfort aux personnes neuro-divergentes qu’aggraver leur état (de mon expérience personnelle, et dans les témoignages que j’ai pu trouver, notamment dans les commentaires sur YouTube).

L’existence de Night Vale dans notre réalité

La présence de la ville – ou non – dans notre réalité reste cependant une question à la réponse très peu claire. Il est déjà certain que la communauté est très isolée par rapport au reste du monde, puisqu’elle est en plein milieu d’un désert. Le format lui-même joue sur cette confusion : le compte Twitter du podcast poste des phrases qui pourraient très bien sortir de l’émission de Cecil, ou qui correspondent à son esprit : le 20 mai 2013 y a été posté : « Il n’existe rien de tel qu’une fiction. Juste de la non-fiction écrite dans le mauvais univers parallèle. » Le réseau de podcasts indépendants Night Vale Presents serait donc la plaque tournante de tous ces univers non fictionnels, dont Alice isn’t Dead, podcast saphique à l’ambiance très similaire à Welcome to Night Vale.

L’épisode 111, intitulé « Summer 2017, Night Vale, USA » est bien sorti au milieu de l’été 2017… Les citoyen·nes de Night Vale disposent également de la même technologie que nous : à plusieurs reprises sont mentionné·es le Wi-Fi, la 4G et des marques (parodiées) de notre monde, comme repères pour l’auditeurice.

Mais d’un autre côté, Cecil n’a jamais entendu parler de l'État du Michigan et il semble quasiment impossible de quitter Night Vale… ou d’y rentrer (tout un épisode tourne autour d’un personnage tentant de quitter la ville, pour y parvenir seulement après plusieurs jours… en ayant tout oublié de Night Vale, jusqu’au nom même de la ville). Le fait que le narrateur ainsi que son double portent le même prénom que leur doubleur contribue également à cette confusion entre la fiction et la réalité : Cecil Gershwin Palmer est doublé par l’acteur Cecil Baldwin, et Kevin par l’acteur Kevin R. Free. Ils sont, tous les deux, décrits de la même manière extrêmement vague : « Ni grand ni petit, ni mince ni gros. »

La société parodiée

Cette ambiguïté sert un des propos du podcast : la critique de la société, ou sa parodie. De nombreux sujets sont traités, toujours de manière organique et fluide, suivant cette logique de nouvelles communautaires ; des sujets qui sont communs à nos deux univers – si les deux sont bien distincts. Ils sont traités avec tou·te l’absurde et l’horreur propres à la série.

Ces parodies sont le premier aspect de WTNV que l’on pourrait qualifier de militant : je vais donc un peu parler de certains des points qui m’ont marquée. Cet aspect reste léger, et s’il s’agit effectivement d’une prise de position, qui est plutôt de l’ordre de la parodie et de l’humour.

Parmi les mécanismes de pouvoir qui sont remis en cause, il est possible de citer la violence symbolique qui découle des relations de salariat : la direction de la station de radio étant dépeinte comme un monstre tout droit sorti des nouvelles de Lovecraft, décrite uniquement comme « de larges formes se tortillant, des tentacules fouettant l’air » au travers de la porte vitrée de son bureau. Les mesures disciplinaires contre les employé·es impliquent également une « boîte sombre ». Les clichés de l’horreur lovecraftienne sont donc utilisés comme une satire de l’oppression capitaliste sur les travailleureuses.

Celle venant des institutions n’est pas oubliée : la police secrète du shérif n’a absolument rien de secret et tou·tes les habitant·es se savent espionné·es chez elleux ; le conseil de la ville (ici aussi, un monstre lovecraftien) passe des lois qui n’ont absolument aucun sens ni aucune justification.

Au fil des épisodes, l’auditeurice apprend l’interdiction totale de tout outil d’écriture et des lecteurs de code, ainsi que de toute description publique de la lune. De plus, écouter de la musique était également interdit, jusqu’à sa décriminalisation en 1952.

À noter que l’intersection de ces oppressions est également mentionnée de la même manière, le conseil municipal et la direction de la station de radio entamant une relation amoureuse.

Une amicale communauté dans le désert, où le soleil est chaud, la lune belle, et où de mystérieuses lueurs passent au-dessus de nos têtes alors que nous prétendons tou·tes dormir.

Mais dès le premier épisode, l’auditeurice se rend compte que cette petite ville ne correspond pas exactement à ce qu’on pourrait attendre d’un petit village perdu. Car, après tout, Night Vale est une ville dans laquelle des silhouettes encapuchonnées rôdent dans le parc canin (dans lequel les chien·nes sont interdit·es, tout comme n’importe qui d’autre), et où la police locale met en garde les habitant·es contre les voitures fantômes... qui multiplient les excès de vitesse.

En résumé, la communauté dans sa globalité se comporte comme si tout était parfaitement normal ; ou plutôt, parfaitement anormal.

L’un des principaux mécanismes de l’humour dans WTNV repose sur cette intégration totale du surnaturel dans une ville moderne. La plupart du temps, le narrateur raconte sur un ton absolument neutre ou extrêmement enjoué des choses qui nous semblent, à l’écoute, incroyables ou absurdes, relevant en tous cas du fantastique ou de l’horrifique.

Le plus souvent, l’évènement en lui-même ne sera pas le point central de l’annonce : puisque le surnaturel est parfaitement intégré à la vie de Night Vale, ses manifestations ne seront qu’un évènement parmi d’autres et seront traités comme tel. Étant donné le rôle de Cecil comme présentateur radio, il sera simplement amené à faire des commentaires, transmettre un message ou donner des conseils sur la situation. En résumé, la communauté dans sa globalité se comporte comme si tout était parfaitement normal ; ou plutôt, parfaitement anormal.

À Night Vale, tout est malsain et devient normal ; à Desert Bluffs, tout est normal et devient malsain

Si le surnaturel est normal, l’inverse est également vrai. Même si les habitant·es vivent plutôt bien le fait d’avoir un immense nuage luminescent comme président du Comité éducatif (il est en revanche interdit par la police secrète de connaître l'existence des « vrais » nuages), ou qu’une forêt pensante et murmurant des compliments a poussé en quelques jours près de la ville, la véritable horreur pour elleux se cache dans des évènements de notre quotidien.

La venue en ville d’un carnaval est ainsi vue comme une catastrophe sans précédent pour la ville ; le jour de nettoyage des rues est dit et montré comme une menace pour la vie des habitant·es : les recommandations du conseil municipal à ce sujet se limitant à un appel paniqué à la fuite.

Une autre forme d’horreur de la normalité est présente dans WTNV. Si les exemples que je viens de citer (et les autres) ont vocation à faire rire l’auditeurice et sont des mécanismes d’humour, toutes les mentions de Desert Bluffs et, par extension, du Dieu souriant, sont plutôt à considérer comme faisant partie des mécaniques horrifiques.

Desert Bluffs est la ville voisine et le reflet inversé de Night Vale. Contrairement à l’atmosphère sombre de Night Vale et aux ombres qui y rôdent, les habitant·es de cette ville sont forcé·es à sourire et à se conformer à une joie hypocrite, qui se reflète dans le ton enjoué, forcé et inquiétant de Kevin, l’animateur radio de Desert Bluffs. Une injonction à la perfection pèse sur les habitant·es de cette ville, avec une dimension sacrée : le Dieu souriant est décrit comme ayant un « sourire si large que les gens peuvent se voir dans ses dents réfléchissantes », avec une langue grotesque visible au travers. Leur reflet représente le « moi parfait », que les habitant·es sont sommé·es d’embrasser, et la langue le « moi imparfait », qu’iels sont sommé·es de tuer. Une musique extrêmement dérangeante, semblable à un chant religieux perverti, accompagne d’ailleurs chacun de ses appels à la perfection pour bien souligner toute l’horreur d’une telle injonction.

Finalement, Cecil prend lui-même la parole et définit à l’épisode 83 la notion même de normalité : « When confronted with someone whose «normal» is not our «normal», we are forced to confront the most frightening prospect of all: that there is no such thing as «normal.» Just the accidental cultural moment we happened to be born into, a cultural happenstance that never existed before, and will never exist again. »

« Quand nous sommes confronté·es à quelqu’un·e dont le «normal« n’est pas notre «normal», nous sommes forcé·es de faire face à la plus effrayante des perspectives : qu’il n’existe rien de tel que le «normal». Il n’y a que le moment culturel accidentel dans lequel nous sommes né·es par hasard, un hasard culturel qui n’existait pas avant, et qui n’existera plus jamais. »

Une parfaite représentation d’une société non uniforme

On rentre ici au cœur du message de WTNV : que la notion même de normalité est nuisible, voire monstrueuse – plus que ce qui serait considéré selon ce point de vue comme anormal.

En fait, j’ai commencé à analyser ce que j’entendais à partir de l’épisode 23. Dans cet épisode est développé un personnage (très secondaire) : Koshekh, le chat de la station de radio de Night Vale. Cecil annonce que celui-ci a mis bas d’une portée de chatons, puis il dit cette phrase, qui m’a marquée : « Comment un chat peut-il mettre bas ? Eh bien, comment un chat flotte-t-il sur place dans les toilettes pour hommes d’une station de radio ? Certaines choses n’ont pas à être questionnées. La plupart des choses, en vérité » ; ce qui m’a immédiatement fait penser à un chat transgenre.

Et c’est tout l’intérêt de ce podcast. Toute la diversité de la société y est représentée, et beaucoup mieux que la société elle-même, sans que cela ne soit jamais mentionné. On trouve de nombreux personnages racisés – suggérés par leurs noms, ou par les doubleureuses les interprétant. Iels endossent des positions de pouvoir, dont des femmes, comme Dana Cardinal (doublée par Jasika Nicole), et Tamika Flynn (doublée par Symphony Sanders). Il y a plusieurs personnages transgenres (dont le chat Koshekh), non binaires (explicitement, les Anges, dont le pronom est they, tout comme læ Sherif Sam), des personnes en situation de handicap (dont la nièce de Cecil) ou dans des relations homosexuelles, tels que Cecil lui-même. L’absence de sous-entendu d’une quelconque vie sexuelle (ou de sensualité) peut être vu comme une présence de l’asexualité et il existe des personnages aromantiques. Et tou·tes seront traité·es de manière… parfaitement normale : il n’y a pas de scène de coming-out ou de remise en question ; les personnages, tout simplement, sont, et leurs identités n’influenceront en aucun cas leurs relations avec les autres personnages.

Les intentions des créateurs vont dans ce sens. Cecil Baldwin dit, dans une interview pour le magazine The Advocate du 29 septembre 2014, que « les personnages de Night Vale ne sont pas définis par leur apparence, leur genre, leurs origines ou leur forme physique. Iels sont défini·es par la manière dont iels traitent les autres personnes ». Et si le conjoint de Cecil, Carlos le Scientifique, était à l’origine doublé par un des créateurs du podcast (Jeffrey Cranor, un homme blanc, cisgenre et hétéro), celui-ci a volontairement laissé sa place à un doubleur latino-américain et gay (Dylan Marron), comprenant l’importance de la représentation des minorités, au-delà du simple aspect fictionnel et narratif – ce qu’il a expliqué dans un post sur son compte Tumblr.

Les Anges sont aussi extrêmement important·es dans cette grille de lecture politique. S’iels sont présent·es dès l’épisode 1, un décret du conseil municipal interdisait aux citoyen·nes de mentionner leur existence ; assez tardivement, celleux-ci doivent remplir une demande absurdement longue et compliquée auprès d’un tribunal pour que leur existence soit reconnue. À ce propos, Cecil observe dans l’épisode 106 : « We can make real that which we acknowledge and accept. The actuality of people we rarely see or interact with may seem unimportant […] but – if you see an angel, tell them you see them. Tell them they are real.[…] we can only make real what we accept as real. Tell them, OK? »

« Nous pouvons rendre réel ce que nous reconnaissons et acceptons. La réalité de personnes que nous voyons rarement peut sembler sans importance […] mais, si vous voyez un·e ange, dites-lui que vous læ voyez. […] Nous pouvons seulement rendre réel ce que nous acceptons comme étant réel. Dites-lui, d’accord ? »

Ce qui ne peut que faire penser à la situation des personnes transgenres, notamment aux États-Unis.

La perfection de l’imperfection

C’est là que se retrouve le renversement de la logique de Lovecraft.
Puisque chaque individu·e est unique et a ses différences, l’existence d’un modèle normatif parfait n’existe pas ; forcer cette normativité devient quelque chose de monstrueux et contre-nature. Ce sont ces différences, notre altérité et ces imperfections qui nous rendent uniques, humain·es et donc susceptibles d’être aimé·es : nous sommes, donc, parfaitement imparfait·es.

Sans qu’aucun modèle dominant ne soit mis en avant, les auditeurices, le temps d’un épisode de 30 minutes, pourront s’identifier à des personnes qui leur ressemblent, sans que cette identité ne soit remise en question ou (dans un contexte d’œuvres de fiction) qu’elle soit stéréotypée ou serve d’appât.

Nous sommes, donc, parfaitement imparfait·es.

Mais le fait qu’aussi peu en soit dit dans le podcast en dit beaucoup, tout comme le fait qu’autant en soit dit en dehors – comme dans cet article. Et c’est pour cela que les spoilers étaient assez compliqués à caractériser : même si mentionner les propos politiques m’obligeait à citer des points assez précis de WTNV, le podcast n’en parle pas directement, mais de manière détournée. Concrètement, presque aucune intrigue n’a été dévoilée.

Pour les habitant·es de Night Vale, ces identités n’ont aucune importance, mais en auront pour l’auditeurice. Le meilleur exemple reste Cecil : si son attirance pour les hommes est indiquée dès le premier épisode, il aurait très pu bien être bi ou pan ; son homosexualité ne sera précisée justement que lors de l’incursion d’un personnage d’une autre dimension (dans laquelle son désintérêt pour les femmes aura son importance). Le fait qu’un personnage soit trans ou non binaire n’est pas relevé non plus : ce sera aux auditeurices d’interpréter les différentes facettes des personnages.

Notre point de référence est notre réalité : être racisé·e, non cisgenre ou non hétérosexuel·le a son importance. Que ce soit en bien (par fierté, militantisme et réappropriation) ou en mal (à cause des discriminations), nous réagirons à ces personnages. Parce que ces identités sont politisées. Parce que nous nous trouvons dans une société qui est bien plus proche de Desert Bluffs que de Night Vale.

C’est en cela que WTNV peut consister en un refuge pour les personnes qui se retrouvent exclues des systèmes dominants, du système hétéro-ciscentré blanc valide et neurotypique.

Par tous ces aspects, cette ville est bien plus accueillante et hospitalière pour les minorités que notre monde. Débarrassée de tout semblant de normalité imposée, Night Vale montre la société telle qu’elle est : diverse et remplie d’une infinité d’identités qui effacent un modèle soi-disant dominant. Parce que nous sommes tou·tes nous-mêmes, la chose la plus merveilleuse que nous puissions être, nous méritons tou·tes d’être aimé·es inconditionnellement.