
La salle de bain est sûrement l’endroit où le changement d’habitudes a été le plus difficile pour moi. La douche, c’est vraiment mon moment cocooning de la journée. Passer des shampoings et gels douche classiques au shampoing solide, au no poo et aux barres de savon, ça bouscule !
Pour m’y mettre, je me suis intéressée de près à la slow cosmétique : quelques produits de base qui servent un peu à tout, des lingettes lavables et c’est parti. J’ai essayé d’indiquer à chaque fois combien coûte un produit zéro déchet et un produit conventionnel (pour ce dernier, la marque et la composition sont fictives et humoristiques – les prix eux sont réels et ont été empruntés sur les produits phares de chaque catégorie).
La période de transition entre les produits de supermarché et ceux de slow cosmétique a été DURE : plus d’après-shampoing et plus de silicone dans les cheveux pour les démêler, j’en ai clairement bavé. Mais après deux mois à être prête à craquer pour un shampoing cracra, miracle : mes cheveux sont redevenus beaux et me font même de légères anglaises (ce qui ne m’était pas arrivé depuis longtemps). J’ai surtout appris à peigner correctement mes cheveux, et à les laver sans les agresser (il faut masser doucement le cuir chevelu et non frotter fort).
J’utilise un shampoing solide deux fois par semaine. J’ai testé le no poo à la farine de pois chiche ; ce n’est pour l’instant pas concluant mais je n’abandonne pas.
Et parce que la transition ne se fait pas en un jour, j’ai un shampoing liquide bio à la composition pas trop mauvaise ainsi qu’un masque repigmentant (emballage recyclable) en attendant de trouver mieux.
Pour la piscine, je protège mes cheveux avec de l’huile (celle de la cuisine, souvent olive, mais celle de tournesol fonctionne aussi) et je mets un bonnet de bain par-dessus. L’huile protège du chlore. Je lave et je rince bien les cheveux après.
En cas de besoin, je fais des après-shampoings maison (mais j’en ai de moins en moins besoin), en utilisant du vinaigre de cidre, un yaourt ou du gel de lin fait maison.
Coût d’une bouteille d’un litre de shampoing bio en parapharmacie : 8 €.
Coût du masque repigmentant roux 500 ml : 16 € (usage : une fois par mois).
Coût du shampoing solide sans emballage : 8 €.
Coût d’un flacon de shampoing conventionnel Têtes et épaules au purin d’ortie : 4,72 € les 300 ml (16,86 €/L) ; après-shampooing Elle Se Lève enrichi aux protéines de compost : 3,10 € les 200 ml (15,50 €/L).
Shampoing solide dans une coupelle et shampoing bio liquide dans un contenant non zéro déchet.
J’alterne selon l’envie entre un pain de savon (saponification à froid) fabriqué en France (et sans emballage) et du gel douche liquide acheté en vrac dans une bouteille rechargeable (lui aussi fabriqué en France ; sa composition n’est pas terrible mais c’est le seul disponible en vrac dans les magasins autour de chez moi).
Gel douche liquide et pain de savon.
Coût du pain de savon : 4 €
Coût du gel douche liquide : 10 €/Litre ; je l’achète par 500 ml dans une bouteille plastique dédiée achetée 50 centimes d’euro (obligation dans cette boutique).
Coût du gel douche Le petit bordelais hydratant à la R2-D2 : 1,97 € pour 250 ml (7,88 €/L).
J’ai opté pour un dentifrice solide fabriqué en France, emballage papier compostable. On frotte la brosse à dents dessus, ça mousse un peu et je me lave les dents avec. Le goût est très perturbant au début : j’avais l’impression de manger du savon. Au bout de quelques lavages, je m’y suis habituée et ça ne me fait plus rien. En soin des gencives, je fais un brossage avec du bicarbonate de sodium de temps à autre.
Dentifrice en barre et bicarbonate de soude.
Coût : dentifrice en barre : 5 € ; quelques centimes d’euros pour un brossage au bicarbonate de sodium.
Coût d’un dentifrice Email Cassant enrichi en actif C-3PO en tour : 1,92 € (pour 100 ml de produit).
Important : en matière d’hygiène buccale, le mieux est d’en parler à saon dentiste ; argile, bicarbonate ou huile de coco peuvent ne pas convenir selon votre situation (qualité de l’émail, soin dentaire spécifique, maladie…).
Il existe des brosses à dents en bois, compostables et biodégradables. Je n’ai pas encore testé (j’ai un stock de brosses à dents classiques à finir avant). Elles sont assez chères à l’achat (entre 10 et 20 € selon les marques).
Pour le gommage, je fais simple, pas cher et zéro déchet ; j’utilise un mélange que je prépare juste avant la douche : marc de café et huile d’olive (le tout en provenance de ma cuisine). Le marc de café me permet d’ailleurs d’entretenir les canalisations sans produit chimique. Quand je n’ai pas fait de café, je remplace le marc par du sucre, du bicarbonate ou du sel.
Coût : quelques centimes d’euros.
Coût d’un gommage Glen Gould aux microbilles en plastique : 4,50 € les 150 ml (30 €/L).
Je déteste depuis longtemps les déodorants et anti-transpirants du commerce : j’alterne entre un peu de bicarbonate de sodium et un déo solide acheté à mon épicerie vrac : 9 € (emballé dans un papier recyclable). Si ça ne suffit pas (grosse chaleur ou vêtement faisant suer) et que je ne peux pas prendre de douche, j’utilise un gant de toilette ou un carré démaquillant avec un peu d’eau pour me rafraîchir.
Un bocal de bicarbonate de sodium et un déodorant solide.
Coût d’un déodorant Love à l’aluminium propulsé : 2,73 € les 200 ml.
À Noël, on m’a offert une crème dans un pot en verre ; une fois terminée, j’envisage la remplacer par une huile de noisette. Pour en savoir un peu plus, allez voir notre article sur les bases de la cosmétique maison.
Je me maquille très peu, et la plupart de mes produits ont déjà dépassé leur date de péremption. En faisant le tri dans mes affaires, j’ai noté ce dont je me servais le plus : une BB crème bio, de la poudre matifiante, du mascara et du rouge à lèvres. J’ai un vieux flacon de vernis à ongles qui traîne uniquement pour les trous de mes collants (afin d’éviter qu’ils filent). Je finis pour l’instant mon stock et je le remplacerai par des alternatives ZD que je peux acheter dans le magasin bio à côté de chez moi ; ça demandera un sacré budget (de ce que j’ai vu pour l’instant : 10 € pour chaque élément).
Pour le démaquillage, j’ai fabriqué des lingettes lavables avec des coupons de tissu et une vieille serviette qui traînaient chez moi. J’en mouille une avant d’appliquer de l’huile dessus ou directement sur mon visage. Je frotte doucement, je rince et je me savonne le visage doucement. J’ai confectionné un petit filet avec un reste de voilage ; j’y stocke les lingettes sales et je mets le filet dans la prochaine machine à laver.
Lingettes lavables et sachet de rangement.
Coût : quelques centimes par démaquillage (c’est-à-dire quelques gouttes d’huile d’olive).
Coût d’un démaquillant Démaquille-toi vite : 3,04 € pour 200 ml (15,20 €/L) + coût des cotons jetables.
L’hiver, le manque de budget et la douleur de l’épilation font que je laisse mes poils tranquilles. En soi, je n’aime pas m’épiler, ni me raser, mais l’injonction sociale étant là, ce n’est pas forcément facile pour moi d’assumer mes poils dehors. Quand je travaillais à plein temps, je dépensais environ 50 euros par mois dans un cabinet d’esthétique. Depuis, mes finances ont baissé, j’ai sorti le rasoir à lame rechargeable (qui coûte un bras mais qui est censé me transformer en Aphrodite – il y a mensonge sur la marchandise). 4 lames coûtent environ 15 € et j’essaye de les faire durer le plus longtemps possible.
Le plus économique serait le rasoir de sureté ; j’ai déjà essayé en piquant celui de mon papa, mais je ne suis pas assez habile pour l’utiliser sans me faire mal. Mais je persiste car c’est vraiment le rasoir le plus économique et le plus zéro déchet qui soit.
Il existe également des recettes de cire dépilatoire maison, à base de miel ou de sucre, mais je ne suis pas assez douée pour l’appliquer sur moi-même ; je n’ai donc pas testé.
Il reste une chose cracra dont je n’arrive pas à me passer (parce que je n’ai pas encore trouvé l’alternative zéro déchet qui ne nécessite pas un investissement en temps quotidien) : la crème décolorante pour le duvet sur le visage.
Je ne suis pas médecin·e, je ne conseillerais donc à PERSONNE d’abandonner la médecine actuelle pour d’autres méthodes. Seuls les médicaments conventionnels sont efficaces pour certaines pathologies et il ne s’agit pas de plaisanter avec cela, y compris quand on essaye de générer le moins de déchets possible. Ma santé passe avant mon engagement écologique.
Là où notre système est très mal organisé, c’est le conditionnement des médicaments. Souvent, si je suis exactement la prescription de mon médecin, je ne finis pas la boîte ; il est d’ailleurs TOUJOURS déconseillé d’utiliser les médicaments restants pour une autre fois ou pour une autre personne sans avis médical. Ces médicaments sont alors mal employés (histoire de « profiter » encore un peu d’antibiotiques par exemple) ou alors jetés, le plus souvent dans la poubelle conventionnelle (qui pense à ramener ses médicaments à la pharmacie ?).
Dans certains pays, les médicaments sur ordonnance sont préparés avec la dose exacte prescrite par læ médecin·e (au nombre de pilules près). À quand une telle méthode en France ?
J’ai ajouté quelques huiles essentielles dans ma trousse à pharmacie, processus qui a été accompagné et validé par mon médecin, afin de trouver des compléments aux médicaments traditionnels ou des alternatives quand certains médicaments me sont interdits. Exemple typique : je suis migraineuse, et une fois que j’ai pris mon traitement de crise, je ne peux plus rien prendre pendant 24 h ; si la crise persiste malgré tout, je ne peux pas prendre plus de médicaments. La seule chose qui fonctionne (autre que m’allonger dans le noir et dans le silence) est de mettre directement quelques gouttes d’huile essentielle de menthe poivrée sur les tempes. Pour les règles douloureuses, c’est un peu d’huile essentielle de sauge sclarée mélangée avec un peu d’huile végétale en application locale. J’applique une goutte d’HE de tea tree sur les boutons d’acné qui persistent.
Un flacon d’huile essentielle bio dans un flacon en verre de 10 ml : environ 8 €.
Des alternatives zéro déchet existent pour supprimer le papier toilette : toilettes sèches, douchette, lingettes lavables, WC japonais… Je n’en suis pas là. J’utilise du papier toilette recyclé, je jette au recyclage les rouleaux de cartons (ne JAMAIS jeter les rouleaux de cartons dans les toilettes, même si une certaine marque vous dit que c’est possible).
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Pour nettoyer, j’ai réalisé des pastilles effervescentes écologiques, à base d’acide citrique, de bicarbonate et d’huiles essentielles (tea tree et lavande). Chaque ingrédient est trouvable dans les magasins bio dans des contenants en papier kraft ou verre. Et c’est super efficace en plus de laisser une odeur agréable.
Pastilles effervescentes maison pour la cuvette des toilettes.
Coût de réalisation d’une trentaine de petites tablettes : 2 €.
Coût de dix tablettes (200 g en tout) conventionnelles : 2,34 €
Pour le détail :
Bicarbonate de soude : entre 3 € et 4 € le kilo dans mon épicerie vrac.
Acide citrique 350 g : 3,80 €.
Flacon d’huile essentielle 10 ml : 8 €.
Je réutilise ces ingrédients pour d’autres réalisations (HE lavande pour des sels de bain, HE tea tree contre les boutons d’acné, bicarbonate pour énormément de recettes, acide citrique pour la poudre du lave-vaisselle).
J’ai fait ma propre lessive liquide avec du savon de Marseille. Le plus difficile est de trouver du vrai savon de Marseille, sans huile de palme, sans glycérine animale ou chimique. La même marque peut proposer du vrai savon de Marseille en pain et changer la composition pour les paillettes de savon… La prudence s’impose !
Avec un cube de savon de Marseille à l’huile d’olive de 300 g acheté 2,60 € que je découpe en trois part équivalentes avec un gros couteau de cuisine, je répartis :
Coût d’une lessive Pire Express liquide au faux savon de Marseille : 10,40 € les 3 L.
Coût d’un adoucissant Siouplait à la lavande irritante : 3,73 € les 2 L.
Des cheveux (récupérés sur ma brosse ou dans la grille de la douche) et des poils. Je n’ai pas de composteur et pas d’autres solutions actuellement pour les jeter ailleurs que dans ma poubelle.
Des protections hygiéniques jetables. Jusqu’à aujourd’hui, je n’avais pas encore totalement abandonné tampons et serviettes jetables. Il existe pourtant des alternatives zéro déchet ; les plus connues sont la coupe menstruelle et les serviettes hygiéniques lavables (SHL). Chacune de ces techniques demande un investissement de départ : entre 15 € et 30 € pour une cup, entre 10 € et 18 € par SHL. Coffin Rock, que nous avions interviewée, en réalise.
Néanmoins, je saute le pas pour mon prochain cycle ; le reportage Tampon, notre ennemi intime m’a finalement décidé d’agir !
Des pansements. Il existe des méthodes zéro déchet pour panser une plaie, mais elles sont pour moi trop contraignantes (notamment pour s’assurer que le pansement est bien stérile lorsqu’on le pose).
Parfois du cellophane quand je fais des masques repigmentants (très longs à poser). Je finis mon rouleau et je passerai ensuite à un tissu imperméabilisé à la cire ou enduit.
En espérant que cet article vous ait donné des pistes pour emmener votre salle de bain vers le zéro déchet !
Photo de couverture : Coffin Rock.
Autres photos : Framboise.