17 novembre 2016

Dans le plus simple appareil : From The Top Down Project

Content Warning : cet article comporte de la nudité.
Dans le plus simple appareil : From The Top Down Project

Il y a des gens qui rentrent dans les cases que l’on leur a imposées. On leur a appris à ne jamais les remettre en question. Parce que cela perturberait leur fragile équilibre. Très certainement, ce serait la fin de leur monde. Pourtant, il y a des gens qui ne rentrent pas dans ces cases, qui ne correspondent pas aux normes sociales. Ce sont les histoires de ces individu·es, dans toute leur beauté et leur diversité, que Ten Harber, photographe arrivé·e d’outre-mer, raconte à travers son projet From The Top Down, « de la tête aux pieds ».

Le projet vient d’un constat : en France, très peu de visibilité est accordée aux personnes non binaires, que ce soit au niveau social, légal ou médical. Alors que Ten était à la recherche d’un·e chirurgien·ne pour effectuer une mammectomie, iel a appris que l’opération ne se ferait pas à moins qu’iel n’endure un à deux ans de suivi psychiatrique, ou qu’iel prenne des hormones, chose qu’iel ne désirait pas. « Je suis pas binaire, je suis moi. Mais moi c’est sans des seins. » Après son parcours de læ combattante, iel atteint son but mais n’oublie pas que les personnes non binaires sont complètement invisibilisées par le système français. Très peu de projets francophones traitaient de ce sujet, et souvent de façon très impersonnelle. Iel a alors décidé de montrer ces personnes sous leur vrai jour, avec leur corps et leur histoire propre.

Le concept est simple : on voit d’abord la personne comme elle choisit de se présenter au monde, puis elle se découvre et montre sa poitrine. Læ photographe explore ainsi la distinction entre l’expression de genre et le corps des personnes représentées. Parce qu’une personne androgyne n’est pas forcément mince et longiligne, et que le genre ne se limite pas à une longueur de cheveux. Les photos sont toujours suivies d’un texte où la personne concernée raconte son histoire, son rapport à son genre et à son corps. Ten montre les vrai·es humain·es, dans leur beauté et leur diversité corporelle et contextuelle. Et ça fait du bien.

Voilà quelques avant-goûts des personnes fantastiques que vous pouvez découvrir sur le site :

« Je m’identifie clairement et exclusivement au genre féminin.
J’ai été élevée comme un garçon, perçue comme tel pendant des années, traitée comme tel pendant des années, n’ai pas subi de maltraitance et pourtant rien n’allait. Le décalage que je vivais m’empêchait de profiter de la vie. Ça a fait de moi une personne plus réservée, introvertie et qui peut sembler insensible quand on ne me connaît pas. Accepter ma différence et transformer ce que je voyais comme une faiblesse en ma plus grande force a amorcé un immense changement psychologique. C’est comme si j’avais auparavant été une sorte de puzzle en vrac et que m’accorder la possibilité d’être moi-même avait permis de remettre de l’ordre dans ces pièces autrefois éparpillées. »


– Éléonore

Deux photos d’Éléonore : une habillée, l’autre poitrine nue.

« Je suis genderqueer, ce qui est un synonyme de non binaire.
Cela veut dire que je ne suis ni un homme, ni une femme, je suis en dehors de la binarité. Je suis aussi agenre. Cela signifie que je n’ai pas de genre. C’est une identité à part entière qui me définit fidèlement. »


– Yuki

Deux photos de Yuki : une habillé·e, l’autre torse nu.

Découvrez la suite de leur histoire sur le Tumblr ou sur Instagram.

On vous a gardé le meilleur pour la fin ! Ten cherche toujours de merveilleux êtres humains pour alimenter son projet. Alors si vous êtes intéressé·e, n’hésitez pas à læ contacter par mail ou sur Facebook !